Design et beauté masculine : se libérer des injonctions à l’esthétique virile
TRUDIN Lisa
Mémoire licence 3 design prospective et société
Université Jean Jaurès Toulouse II
Années 2019/2020
Sous la direction de Saul Pandelakis
Avant propos
Etant donné que mes recherches se portent sur un sujet qui est au premier abord masculin, il me paraît important de me présenter avant même de vous laisser lire la suite de ce mémoire. Je suis une femme, blanche, cisgenre et je suis avant tout féministe. J’ai grandis à la campagne dans un foyer patriarcal où ma mère a sacrifié sa carrière pour que mon père puisse réussir la sienne. Ma mère s’occupe des tâches ménagères et mon père du jardin. Très jeunes, mon frère et moi avons appris à s’entraider face à ce système, il m’a appris que les idées de mes parents ainsi que les siennes n’étaient en aucun cas les miennes. Comprendre que je suis maître de mes idées a changé mon quotidien.
Aujourd’hui, je me bat pour la cause féministe, cause qui selon ma vision de ce combat touche aussi les hommes. Bien qu’être un homme blanc cisgenre hétérosexuel reste un privilège aujourd’hui, il y a de nombreuses injonctions faites aux hommes comme la notion de virilité par exemple.
J’ai donc décidé de faire mes recherches sur la virilité et plus précisément sur l’esthétique virile. Au cours de ce mémoire, je parlerai des genres et de la beauté, de ce que c’est que de prendre soin de soi quand on est un homme, queer ou non. J’identifierai les injonctions afin de mieux les déconstruire. Mon but, par ce mémoire, est de briser les codes de la masculinité et de sortir de la honte du soin et de la beauté au masculin.

Introduction: De la norme au queer

Quand on parle de genre aujourd’hui on rencontre certains obstacles liés aux convictions de chacuns. Pour certains, le genre fonctionne sur une binarité, les hommes et les femmes. Pour eux, l’attribution du genre se fait à la naissance et elle dépend de notre organe reproducteur. Cependant, ce n’est pas la définition du genre que je défendrai au cours de ce mémoire. Il sera donc ici question du genre non pas comme une binarité mais plutôt comme une variation. Le genre avec lequel on est en accord n’est donc pas forcément le genre assigné à la naissance mais il va au delà. On appelle donc cisgenre les personnes en accord avec le genre assigné et transgenre celles qui au contraire ne se sentent pas en accord avec leur genre assigné et qui ont donc changé de genre.
© Pixabay
Le genre dans le dictionnaire aujourd’hui reste dans une pensée de binarité. Dans le Larousse par exemple :

(Calque de l’anglais gender.) Dimension identitaire, historique, culturelle et symbolique de l’appartenance biologique au sexe masculin ou féminin.

– Dictionnaire Larousse
Ici la définition mentionne clairement la biologie, comme si XX et XY définissait la manière dont on considère notre corps et notre personnalité. La définition qui serait la plus exacte que j’utiliserai se rapporte plus à celle utilisée dans le manuel Sex Education publié récemment.¹ Ils illustrent la variation de genre par cette frise, on se sentirait plus ou moins de femme à homme. Dans le manuel, ils disent “il existe autant de nuances et d’identités de genre que d’individus”, c’est la manière dont nous nous percevons qui définit qui nous sommes et de quel manière nous nous considérons.
Frise tirée du Petit Manuel Sex Education par ABRAMOW Charlotte
Ce mémoire parle d’hommes, mais cela ne veut pas dire que je me positionne dans une considération du genre par la binarité. Je parle du genre masculin en considérant la variation évoquée précédemment. Tout au long de cet écrit, je vais parler d’hommes comme hommes cisgenre, c’est-à-dire en accord avec le genre assigné à la naissance. C’est également le cas quand je parlerai de femmes et du genre féminin. Je ne souhaite pas exclure les personnes transgenres, j’étudie les hommes cisgenres et l’esthétique qui leur est liée.
Quand aujourd’hui on définit le genre de quelqu’un, on se fie presque seulement à l’apparence. La norme du genre aujourd’hui est d’analyser le physique d’une personne afin d’entamer une conversation par “Bonjour monsieur”, “Bonjour madame” ou encore “Bonjour mademoiselle”. On utilise ces marqueurs de conversation pour signifier à quelqu’un que son apparence ressemble à un des genres de la binarité et aussi s’il/elle a l’air plus ou moins jeune. On préfère aujourd’hui s’excuser de s’être trompé de genre plutôt que de pousser la réflexion par rapport à celui-ci. On utilise du coup l’apparence non pas pour ressembler et ce que l’on veut mais surtout pour montrer aux autres comment on se sent avec le genre.
C’est alors qu’une norme s’est installée. On a développé ce qu’on appelle les scripts de genre, ce sont ce qui constitue la norme des genres. Les scripts sont imposés dès l’enfance et au fur et à mesure certains décident de plus ou moins les transgresser même si c’est encore loin d’être bien vu. Ce sont des normes qui nous sont imposée avant même la naissance. La différenciation esthétique des genres en tant que binarité commence à partir du moment ou on annonce “c’est une fille” ou “c’est un garçon”, c’est alors qu’on commence à acheter des vêtements roses ou bleus, des peluches mignonnes ou des jouets robots, la dinette ou les outils du bricoleur…
Photo du lieu où se déroule l’activité Princesse d’un jour à Disneyland Paris
Il est clair qu’on nous impose des scripts avant même de pouvoir ouvrir les yeux, on ne laisse pas le choix. On peut ici parler du parc à thème Disneyland Paris qui a refusé à un petit garçon l’accès à l’activité “Princesse d’un jour” où les enfants passent une journée à se déguiser en princesse et à se maquiller ² . La mère de ce petit garçon a été obligée de s’en plaindre et de publier son mécontentement sur les réseaux sociaux pour qu’en plus que cette pratique soit acceptée elle soit également modifiée pour que cela reste. Ce genre de discrimination est courant aujourd’hui, qu’elles soient esthétique ou morales.
Au fur et à mesure du temps, on apprend aux hommes à être fort, aux femmes à être belles et aux autres tel que les transidentitaires et les non-binaires à choisir entre homme et femme et ainsi à appliquer les scripts qui les accompagnent. Je complèterai la définition et l’analyse des scripts de genre tout au long de ce mémoire, c’est une notion riche d’informations qui est sans cesse en mouvement. Selon les époques, les normes et les critères changent et s’ajoutent aux scripts.

Il sera donc question pour mes recherches des scripts esthétiques et moraux en lien avec la beauté masculine, bien que je compte également parler des scripts de beauté féminine.

En effet, quand on parle de beauté aujourd’hui on pense forcément à une notion qui se raccroche à la gente féminine. On leur attribue le maquillage, la mode, les soins, les magazines… Beaucoup pensent que la beauté, c’est une femme qui se maquille tous les matins non pas pour son plaisir personnel mais pour être présentable, il est rarement question de beauté pour sois mais plutôt de beauté pour plaire aux autres, pour attirer les hommes. Il est pour certains inconcevable que la beauté soit un plaisir et si c’est le cas alors elles sont critiquées, humiliées et rabaissées.

Il y a une vraie pression autours de la beauté féminine, on demande aux femmes d’être maquillée mais on veut du naturel, on demande d’être petite mais en talon… Elles subissent clairement une énorme charge mentale de la beauté qui s’ajoute bien entendu au reste de leurs tâches imposées autre. Cette pression s’exerce à tout âge de différentes manières.

Je me souviens par exemple de ma propre grand-mère qui me répétait sans-cesse “T’es vraiment un garçon manqué” parce que je me plaignais, je me souviens des élèves de mon collège qui me reprochaient de ne pas vouloir me maquiller, je me souviens au lycée m’être faite critiquée parce que “les filles aux cheveux plus long sont tellement plus jolies”.

Tout au long de ma vie, et tout au long de la vie des femmes, la beauté n’est que reproche, culpabilisation et charge mentale.

On peut même parler ici de danger, comme le “Feuille A4 Challenge³ où le but était d’avoir un ventre qui ne dépasse pas d’une feuille A4, ceci montre le culte de la maigreur chez les jeunes notamment.

Photo tirée de l’article Why The A4 Waist Challenge Is Awful du site anytimefitness
Ce script ne s’arrête pas à de simple défis, c’est au quotidien qu’il y a un vrai problème. On est agressés en permanence par des images avec des corps de femmes retouchés, des corps de mannequin et des peaux parfaites. Cette norme s’installe et s’impose à notre vision, on la voit sur les pubs de nos téléphones, dans la rue, les magazines, les magasins, sur l’ordinateur, à la télé… La beauté en devient donc non plus un droit mais un devoir de société, voir même pour certains un devoir conjugal.
Quand je parle de beauté en tant que devoir conjugal à mon entourage, j’ai droit à plusieurs réactions. Certains me disent que c’est normal, “qu’une femme doit plaire à son mari”, qu’elle doit être attirante. D’autres me disent que ça n’a pas de rapport, un couple n’est pas basé sur l’apparence. Ces réactions sont intéressantes sur plusieurs points. Je ne parle pas de couple hétérosexuel mais il est vrai que beaucoup ne me parlent exclusivement que d’un couple d’un homme et d’une femme. Ensuite, tous parlent de la beauté de la femme sans même que j’ai à le préciser. Enfin, tous parlent de beauté comme devoir conjugal de la femme vers l’homme et non l’inverse.
Le monde de la beauté comme on l’a vue a amené de nombreux codes esthétiques liés aux genres. Cependant ce sont devenu des obligations sociales importantes qui ont souvent un impact néfaste sur la vision que peuvent avoir des personnes sur leur propre corps. C’est quand la norme se crée que le hors norme arrive et aujourd’hui le hors norme est rarement très bien accueilli. De nombreuses pratiques ont fait surface comme le bodyshaming qui est le fait d’insulter quelqu’un à cause de son corps, le slutshaming qui est le fait d’insulter quelqu’un à cause de son maquillage ou encore des pratiques d’homophobie, de grossophobie, de transphobie
Enfin, j’aimerai faire un point sur la situation du confinement. Faisant des années qu’une situation d’une telle ampleur ne s’est pas produit, nous ne savions pas quelle serait les conséquences d’un confinement. Étant confinés, il est d’usage de penser que les normes esthétiques devraient avoir moins d’importance puisqu’il n’y a aucun contact social. Cependant on voit à l’apparition d’image à but humoristique qui comportent des blagues sexistes et grossophobes.
Montage des photos de l’article (dé)Confinement et Coronavirus : un peu d’humour pour décompresser avec 245 blagues ! du site parc-attraction-loisir
Beaucoup parlent des corps après confinement, entre ceux qui parlent des corps qui ont pris du poid ou ceux qui parlent des poils des femmes, cette situation n’arrange en rien la charge mentale esthétique. C’est bien la preuve ici qu’il n’est pas seulement question d’extérieur mais bien d’un problème constant, même chez nous, nous ne sommes pas tranquille.

Je m’interroge donc sur le rapport qu’ont les hommes cisgenre avec ce monde de la beauté. Il est vrai qu’ils ont eux aussi de nombreux codes esthétiques liés au genre. On a tous en tête cette idée de l’homme fort et protecteur. Beaucoup ont tendance à rejeter ce qui ne rentre pas dans cette règle en décrédibilisant leur rapport avec leur genre.

Il est bien évidemment question ici d’aller à l’encontre de ces pratiques. Pour cela, je vais commencer par analyser le monde de la beauté pour ensuite étudier l’esthétique des genres. Comment par le design est-il possible de s’émanciper de l’apparence virile / de l’injonction à la virilité ?

Comment par le design est-il possible de s’émanciper de l’apparence virile / de l’injonction à la virilité ?

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Ce que représente la beauté aujourd’hui

Aujourd’hui, le marché de la beauté est devenu un monde économique à part entière. Il y a de plus en plus de produits adaptés à de nombreuses demandes et situations. Il en devient donc évident que les prix se sont alignés à la demande, il existe donc aujourd’hui de nombreux produits avec des tranches de prix allant du bas de gamme aux produits de luxe qui s’achètent à des prix exorbitants.

Le marché de la beauté est devenu non plus un détail de l’économie mais bien une branche importante qui contient de nombreuses sous-catégories.En effet, le monde de la beauté prend en considération le maquillage mais aussi les produits de soins et d’hygiène par exemple. On peut même compléter avec de l’économie de services comme les prestations de maquillage, les soins chez un/e esthéticien/ne ou encore le coaching de beauté et de bien-être.

Comme dans tout marché économique, il n’y a de vente seulement s’il y a de la demande. C’est alors que l’industrie de la beauté a pris le parti de retoucher et de créer un idéal dans les publicités et notre quotidien et ainsi développé la notion de complexe corporel, devenu le mantra des marques même s’il y a des exceptions.

1. Le complexe monde beauté

Cette première impression sur le monde économique lié à la beauté nous amène maintenant à la notion du complexe mode beauté. Bien que c’est un sujet d’analyse commun à plusieurs chercheurs, le nom de cette notion en tant que tel nous vient de Sandra Lee Bartky qui avant traduction est Fashion Beauty Complex. Le complexe mode beauté est ce que j’ai décrits précédemment, c’est toute l’économie basée que la notion de la beauté en biens et en services. On qualifie cependant cette notion comme une notion liée au genre féminin. Cette notion fait état de l’existant et des normes associées dans un but de critiques de celles-ci.
Bien qu’on se maquille et prenons soins de nous depuis l’Antiquité, il est vrai que voir le maquillage comme un marché économique majeur et en plein essor est une vision moderne. Au fur et à mesure des époques la beauté n’avait pas le même but, Il est vrai qu’à certaines époques on se servait de la beauté comme illustration de notre rang social par exemple. Aujourd’hui, il n’est plus question de montrer sa richesse par son esthétique mais plutôt de s’exprimer pour certains et se cacher pour d’autres. On fait face aujourd’hui à la beauté pour embellir ou comme objet artistique à part entière.

Alors que je faisait des recherches sur cette notion, j’ai trouvé intéressant de simplement marquer “complexe mode beauté” dans la barre de recherche de Google. Quand on fait une recherche Google, le site a tendance à nous montrer tout d’abord les sites qui ont payé puis les sites plus “populaires” qui peuvent parfois dévier de nos recherches. Le premier site présenté est un site d’achat de produits de beauté, les sites suivants sont alors des sites sur les complexes corporels et la honte de sois.

Cette recherche résume selon moi la partie sombre du complexe mode beauté.

Recherche Google associée
Il y a en effet une vague de création de complexes, tous plus cruels les uns que les autres pour augmenter les ventes de produits qui pourraient potentiellement y pallier. Il est souvent question aujourd’hui de nourrir les complexes afin de faire plus de vente.
Pour moi, ce n’est pas représentatif de l’entièreté du commerce de la beauté mais il est important de montrer son existence. On a cautionné ce genre de pratiques pendant longtemps et ce n’est donc que récemment que des publicités alternatives ont vu le jour comme par exemple la marque de sous-vêtements Undiz qui ne retouche pas les photos de ses modèles ou encore la marque MyJojo qui fait poser tout type de personnes. Le combat contre ces injonctions est cependant loin d’être terminé puisqu’il existe encore de trop nombreuses marques qui utilisent et abusent de la haine que les gens peuvent avoir envers leur propre apparence.
Suite à cette notion je me suis posée la question de la légitimité des marques dans le champ économique de la beauté. Comme dans chaque marché émergent, de nombreuses marques et entreprises se créent et investissent. Le but ici est de vendre et faire des bénéfices. Il y a une production de masse de produits d’un même genre comme par exemple les palettes de maquillage. Ici il est question d’innovation mais aussi de chiffres. Le but est de vendre un maximum en créant une demande de produits. Alors que jusque là on avait besoin de peu de produits, on voit aujourd’hui des personnes possédant des collections de palettes pour reprendre cet exemple. Le nombre de “Must Have” (produit à posséder) augmente avec la demande, le tout vendu comme je l’ai décrit précédemment.
Le complexe mode beauté change avec le temps. On peut voir qu’aujourd’hui l’économie de la beauté est en expansion. On crée de nouveaux métiers, de nouvelles manières de ventes, de nouveaux rituels… on crée la demande. Le tout évolue avec son temps, aujourd’hui le meilleur moyen pour atteindre du monde est Internet, on utilise les réseaux sociaux, Youtube pour promouvoir et étendre ce marché. Cela va cependant parfois trop loin et il faut penser avec ce nouveau marché à créer de nouvelles limites. On voit également que la question du genre est souvent oubliée de ces marchés. On vend pour des femmes et non pas pour celles et ceux qui souhaitent un accès à la beauté.

2. Les métiers de l'influence

C’est avec une telle émergence économique que de nouveaux métiers du monde de la beauté de sont créés. J’aimerai parler ici des métiers liés à l’influence et donc aux réseaux sociaux. On entend beaucoup parler de “youtubeuse beauté”, “youtubeuses lifestyle”, “beauty guru”, “instagrameuses”… C’est un monde monopolisé par le genre féminin ou queer, très peu d’hommes arrivent à se faire une place dans ce monde-là. Ce sont des métiers souvent polémiques, ils évoquent souvent des extrêmes.
D’un côté, beaucoup ne considèrent pas ces métiers comme de “vrais métiers” et partent en vendetta contre ces pratiques et d’un autre côté les personnes se créent des communautés entières de fans. Ici je prend la position de considérer ces métiers comme de “vrais métiers” sans pour autant en être une grande fan, je ne consomme pas ou très peu ce genre de contenus. Je pense cependant que ces métiers ont une place majeure aujourd’hui dans ce qui peut être considéré comme le complexe mode beauté. En effet, ils deviennent des critiques de la beauté qui ont de l’influence, les marques les sollicitent pour partager et vanter les mérites de leurs produits que ce soit en vidéo ou sur les réseaux sociaux.
Certains/aines se vantent de ne pas faire de publicités de produits qu’ils n’aiment pas alors que d’autres ne mentionnent même pas qu’il y a de la publicité dans leurs contenus. Il y a aujourd’hui une sorte de haine du placement de produit, on ne veut pas de publicités dans nos contenus mais il y a une grande demande de contenu gratuit. Tous et toutes ne sont pas à blâmer et tout dépend de l’avis de chacun sur la question, ce que je veux montrer en exposant ces faits c’est qu’avec l’influence, il y a la responsabilité de ce qu’on montre sur les écrans. Ce sont des produits qui font partie d’une économie, on incite les fans à acheter et consommer les produits d’un marché économique et on le fait donc perdurer avec ses bons et ses mauvais côtés. Ce sont des personnes souvent en auto-entreprise (ou entreprise selon les revenus engendrés) et dont les choix leurs sont propres ce qui implique qu’il y ait pas beaucoup de contrôle. Ces personnes sont parfois sous contrat avec des marques chose que l’on peut questionner : Cette personne est-elle légitime pour vendre un produit ? Son avis est-il important pour mon achat ? Ses arguments ne sont-ils pas faussés par le fait que cette personne soit payée pour en parler ? On peut aussi parler du choix des produits proposés, il est souvent fait mention de produits de maquillage ou de produits de beauté comme des crèmes par exemple mais beaucoup parlent de produits minceurs en cultivant le culte du corps mince.Ces produits sont souvent vendus à de jeunes personnes avec un manque de confiance en soi maladif. Les produits vendus sont souvent nocifs, mentalement comme je l’ai évoqué mais aussi physiquement puisque nombreux/euses on eu des problèmes. C’est alors que la marque en fait les frais mais peu de fois l’influenceur/euse n’en subit les conséquences.

Il y a aujourd’hui de plus en plus de personnes adeptes de ce genre de contenu. La demande se fait de plus en plus exigeante et donc le contenu ne fait qu’accroître en qualité. On n’est plus face à une mode où n’importe qui peut se filmer dans sa chambre mais face à des professionnels. Comme je l’ai dit, nombreux/euses sont en auto-entreprise, dans certains cas, ils/elles embauchent et créent une équipe avec par exemple des monteurs/euses de vidéo ou encore des community managers. Ces nouveaux métiers engendrent des sommes d’argent considérable et doivent donc aujourd’hui être pris au sérieux.

Le monde de l’influence est une énorme partie du marché de la beauté. C’est un monde qui ne fait qu’accroître comme les sommes qu’il engendre. Il y a de plus en plus d’influenceurs/euses et les marques investissent en masse. Je ne pense pas que ce monde soit foncièrement mauvais mais je pense que comme tout domaine économique, il y a de grandes dérives éthiques voire même légales. Comme c’est un monde émergent la loi n’est pas encore adaptée à ces situations ainsi que les contrôles. Il faut garder en mémoire que les personnes qui les suivent sont de tout âge mais il y a de nombreux/euses mineures qui s’identifient à ces personnes. Ces métiers sont devenus un objectif chez les jeunes et il est alors nécessaire de questionner et de bien comprendre ces nouveaux métiers.
Il y a pour moi un problème qui persiste et émerge de cette analyse, la normalisation des genres. On a tous en tête l’image de la youtubeuse beauté qui présente des produits de marque et faisant un tuto dans une vidéo “un peu spéciale”. Les vidéos se ressemblent pour offrir une nouvelle norme, un format de vidéo avec de nombreuses barrières. Très peu de chaînes Youtube par exemples incluent les hommes non queer. Ces personnes parlent souvent d’un public exclusivement féminin. Quand ce n’est pas une femme qui fait ce genre de contenu, on donne la place aux hommes queer. Quand je fais ce constat, on a tendance à me dire que ce n’est pas un monde pour les hommes non queer et que c’est cette raison qui fait qu’ils ne sont pas présents sur ces plateformes, on m’a même dit une fois que leur monde était celui du gaming ou de l’humour. Je soutiens ici que ceci n’est qu’une idée reçue, pour moi le genre n’a rien à voir avec la qualité du contenu. Une femme n’est pas plus apte par son genre à prodiguer des conseils de soin qu’un homme. Cette exclusion n’est pour moi pas due à un problème de capacité mais bien aux injonctions sociales derrière ça. Comme je l’ai démontré, le but reste de vendre, et aujourd’hui mon constat est que, cause de ces injonctions, on fera moins confiance à un homme non queer pour vendre des produits de beauté qu’à une femme. Cette analyse est appuyée par la haine des réseaux sociaux. Il est connu qu’aujourd’hui quand une personne prend de l’influence sur Internet elle s’expose au cyberharcèlement. C’est souvent le cas des personnes qui sortent des normes, et donc, si un homme non queer se lance en tant que influenceur beauté il fait face à une haine souvent liée à de l’homophobie, une peur du hors norme.
Cette normalisation des genres est un problème du monde de l’influence mais pas que. En effet, le monde de la beauté a établi de nombreux codes de beauté des genres.

3. Le marché de la beauté et la binarité des genres

Le marché de la beauté féminine est aujourd’hui le marché de la beauté le plus développé. Bien que de plus en plus d’hommes s’intéressent à la beauté, il est encore très actuel de penser que c’est un monde féminin. Elles en deviennent donc la première cible des marques, le but est de les faire consommer des produits précis, dits féminins. On leur attribue d’ailleurs la notion de shopping, on voit le shopping comme essentiellement un plaisir féminin et une corvée masculine.

J’entend ici par le mot shopping l’action de visiter un ou plusieurs magasins dans le but de consommer des produits qui ne sont pas de première nécessité. On pousse donc les femmes à non plus consommer mais à surconsommer. On entretient un rapport malsain à la consommation, ce qui était alors jusque là très secondaire devient nécessaire. Les femmes sont entourées d’une infinité de produits de beauté en permanence, la nuance n’est plus entre le “je prend soin de moi” ou “je ne prend pas soin de moi” mais plutôt dans le “à quel point je m’occupe de ma beauté”.

La normalisation des genre se fait dans le commerce des produits de beauté. Prenons une grande surface par exemple, on distingue la vision du genre en binarité par le premier fait qu’il y a deux rayons, le rayon homme et le rayon femme, bien distincts. Le rayon femme des magasins est plutôt représentatif de ce que la société attend d’elles. On trouve du maquillage, des rasoirs, des shampoings/après-shampoing/masque, des colorations pour cheveux, des crèmes… Quand on fait un zoom sur ces produits on remarque de nombreux détails imposés aux femmes.

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Photo d'un rayon femme

Pour les rasoirs, on remarque qu’ils sont souvent beaucoup plus cher que les rasoirs pour hommes alors qu’ils nécessitent moins de technologies.

Il y a aussi le fameux cliché de la couleur rose ou bleu clair. Ils nous rappellent la guerre sociétale contre les poils. On nous vend des rasoirs non pas pour raser ce qu’on souhaite mais on nous les vend comme les grands éliminateurs de poils.

On remarque que le rayon des shampoings et gels douche est souvent le rayon le plus fourni. Il y a un grand nombre de produits différents qui pallient à de nombreuses situations.

On retrouve des shampoings pour tout type de cheveux avec plusieurs utilisations différentes. Il y a une infinités de marques pour chaque produits présentés, et une infinité de produits différents au sein des marques.

On trouve aussi à côté un assortiment de colorations pour cheveux. Il y a une injonction au cheveux nickel, une haine du cheveux blanc et des cheveux trop bouclés.

J’aimerai finir ce petit inventaire par les crèmes que l’on peut retrouver dans les rayons. Il existe aujourd’hui des crèmes pour tous les problèmes considérés comme “féminin”. Le plus connu est le produit anti-ride.

Le soin est un monopole féminin dans les magasins. Les rayons créent le genre et les obligations qui vont avec. Ils développent l’idée d’une vision du genre par la binarité. Il y a une inégalité des genres en général dans le monde de la beauté. C’est alors que je me demande ce qui existe du côté masculin du marché de la beauté

Comme je l’ai précisé, le marché de la beauté s’intéresse plus au genre féminin qu’au genre masculin. La beauté est souvent rattaché dans l’idéal collectif à la séduction chose qu’on impose aux femmes depuis des générations. On attribue grand nombre de passe-temps aux hommes mais tous s’éloignent de la beauté. Le marché de la beauté s’intéresse quand même au hommes mais pas de la même manière que les femmes. Il y a cet idéal collectif de l’homme virile. La beauté masculine aujourd’hui consiste à montrer une certaine force physique.

Alors, le marketing s’est adapté à cette injonction. Le marché de la beauté de l’homme a donc pour objectif la virilité qui est considéré comme opposé de la féminité. On a donc pour les cheveux des cires et des gels qui maintiennent le code des cheveux courts. Pour le visage on a surtout des ensembles de produits d’entretien de la barbe, de quoi la tailler et entretenir la peau après le rasage.

Le rayon homme des magasins grande surface est souvent moins fourni que le rayon femme. Cette fois ils normalisent la force et la virilité à outrance. Ils montrent surtout qu’ils ne sont pas les bienvenus dans ce monde.

Les rayons montrent clairement qu’ils sont l’autre, alors qu’aujourd’hui beaucoup considèrent que l’autre est la femme, on voit ici clairement un domaine ou l’autre est l’homme.

Le but des produits de beauté masculins est d’amplifier la virilité, il faut prendre soin de soi mais le cacher. Ce sont généralement des produits aux odeurs fortes dont le but est de s’imposer sans pour autant montrer que l’on prend soin de soi. On ne vend donc pas les mêmes produits qu’aux femmes. Je développerai ces points quand je parlerai de l’existant des produits masculins mais on peut tout de même noter qu’il y a une grande uniformisation des produits et donc du rayon pour homme.
Photo d'un rayon homme

Les produits ici ont un but plus précis et plus simple que chez les femmes et donc le marché de la beauté s’y est adapté. Le but est de créer un “non besoin” des produits. Ils n’achètent pas une chose nécessaire mais l’argument marketing est souvent de dire que ce produit peut aider dans le vie sans être une nécessité. Je pense ici aux publicités de la marque Axe qui ont pour crédo la séduction et la puissance engendrée par les produits. Ici ils font croire que grâce à ce déodorant, l’homme séduira à tous les coups et prendra confiance en lui. On voit clairement que les produits ne sont pas nécessaire mais qu’ils peuvent améliorer un point de vie en lien avec la virilité abusive.

Le monde de la beauté a donc une image très primaire des hommes. Ils se consacrent donc à développer sur le marché des produits simple et similaires, ils ne poussent pas la réflexion et donc se copient afin de nous faire des rayons bien uniformes où les hommes choisissent un produit un peu au hasard. On ne cherche pas à les impliquer dans ce monde, on cherche même à les éloigner.

1. La salle de bain de l’homme

Photo: pexel.com
Plus tôt, nous avons analysé le marché de la beauté avec notamment une analyse des rayons beauté des magasins. On avait relevé l’inégalité et les discriminations flagrantes au niveau du marketing et dans la mise en place des rayons. J’aimerai donc maintenant parler de la salle de bain qui est la pièce de beauté de la maison.
On fait également face à un endroit où le sexisme ordinaire ne cesse d’avoir lieux. Par exemple, beaucoup pensent que la salle de bain est la place des femmes, que l’homme n’est que de passage. C’est alors que l’on se retrouve avec des hypothèses comme quoi la femme gaspille l’eau de la douche, mets trop de temps à se maquiller, à s’habiller…
On a une image de la salle de bain différente selon les genres. On a tendance à imaginer la salle de bain occupée par une femme pleine de couleurs et de produits de beauté. Cette vision est très réductrice mais pourtant liée à l’ampleur marketing des produits de beauté. On vend de plus en plus de rangements visant les femmes.
La salle de bain est vendue de base comme une salle de la maison mixte. Elle n’est pas sensée être genrée. Cependant, elle en devient un lieu genré dans l’aménagement et dans la manière dont elle est occupée. La salle de bain est le lieux même de la création du genre. C’est dans la salle de bain qu’on s’occupe de la beauté et de l’apparence. Il y a tout un rituel de beauté qui va de quelques minutes à plusieurs heures de préparation. Bien que beaucoup pensent que les femmes passent plus de temps que les hommes dans la salle de bain, de plus en plus d’hommes s’intéressent à la beauté et prennent ainsi plus de temps pour le rituel de beauté. Très peu se vantent de s’occuper d’eux-même du fait que c’est encore mal vu et jugé trop féminin comme pratique.

La salle de bain a une place majeure dans la création de la confiance en soi ainsi que de l’image que l’on perçoit de nous-même. C’est pendant le rituel de beauté qu’on se retrouve seul/e avec notre propre reflet. Le rituel de beauté devient un moment propre à chacun/une en toute intimité. Alors que pour certains/aines c’est un moment simple, pour d’autres c’est une épreuve. On est face à soi donc face à ses propres complexes. C’est donc un lieu qui peut semer le doute en nous. On a tendance à devenir un juge impitoyable sur l’image qu’on renvoie. Nous sommes souvent très critique avec notre reflet. On pense qu’il est le même que les autres perçoivent et nous avons donc tendance à être dur. On se regarde et alors on se demande si notre apparence est en accord avec l’image qu’on souhaite renvoyer de nous.

Photo de Min An
C’est alors qu’on essaie tant bien que mal de façonner l’image que l’on veut montrer de nous. Je me suis ici concentrée sur le rituel de beauté qui a pour but d’aller dans le sens de la masculinité. J’ai donc analysé la routine de beauté de mon grand frère qui est un homme blanc cisgenre afin de comprendre en quoi elle consiste. Il commence tout d’abord par prendre sa douche en se lavant avec le gel douche masculin habituel que je décrirai plus tard dans ce mémoire. Parfois il continue en taillant et rasant sa barbe. Il poursuit ensuite en s’habillant et se brossant les dents. Enfin, il se coiffe avec du gel et mets la dernière touche avec du déodorant et du parfum. Il reste une part d’intimité et de solitude dans le rituel de beauté dont seul l’utilisateur de la salle de bain connaît le secret. Le rituel cité n’est en rien une généralité, il ne reflète la routine d’une seule personne puisque chaque rituel est différent. Cependant il est vrai qu’il est considéré comme un rituel de beauté acceptable par la société puisqu’il n’est en aucune étape féminisant.
Dessin d'une douche
Quand je compare le rituel de la douche considéré comme féminin et le rituel de la douche considéré comme masculin, je me rend compte de l’inégalité des genres. Les produits féminins sont souvents dans un premier temps plus cher que les produits masculins, il y a clairement la taxe rose therme que j’ai découvert grâce à l’association Pépite sexiste qui qualifie le fait de faire payer un même produit plus cher de par le fait qu’il soit destiné aux femmes et de couleur rose. Les produits sont également pour les hommes regroupés en un seul et même produit alors que les femmes ont de plus en plus de produits différents.
On voit quand on regarde le contenu d’une salle de bain masculine qu’ils ne sont clairement pas la cible première du marché de la beauté. Cela vient d’un ensemble de codes et de façons d’être liées à la définition même de la virilité que j’expliquerai un peu plus tard au cours de ce mémoire. En effet, il y a une volonté première de se différencier de ce qui est féminin et féminisant. Etant donné que la beauté a vite été cataloguée comme une chose féminine dans le monde du marché de la beauté, il advient donc par virilité absolue de s’en éloigner le plus possible. La salle de bain fait partie des lieux de la maison où règnent l’automatisation des pratiques. On ne remet que très rarement en question l’agencement de celle-ci, la pertinence des produits achetés ou encore pourquoi ce lieu et pas un autre pour exercer la beauté.
Comme je l’ai dit, la salle de bain est créatrice de genre mais aussi de la vision que l’on a de notre propre corps, il est donc selon moi important de travailler et retravailler ce lieu qui est plus important qu’une simple pièce dans un foyer. Pour sortir des tourments il faut sans cesse remettre en question ce lieu, est-ce que je m’y sens bien ? Me représente-elle ? Est-ce que les produits que je souhaite utiliser y sont ? Est-elle liée à moi où à ce qu’on attend de moi ? etc.
Il y a de nombreux domaines à travailler au sein même de la salle de bain. Le domaine qui m’intéresse pour cette étude et qui selon moi est un point de la salle de bain essentiel à la création du genre et du bien-être est le domaine des produits de beauté.

2. Les produits de beautés dits pour homme aujourd’hui

Les produits de beauté font partie d’un grand nombre d’objets qui composent un tout qui devient la salle de bain. Comme on l’a vu la salle de bain n’est pas qu’une pièce mais un tout qui comprend le rituel de beauté. C’est là qu’entre en jeu le produit de beauté.
Tout d’abord je vais définir ce que j’entend par produits de beauté. Pour moi au cours de ce mémoire je considère sous le terme de produits de beauté tous les objets qui ont pour but un maintien de l’hygiène ainsi qu’une amélioration de l’aspect extérieur de la peau, que ce soit dans le soin où l’esthétique temporaire tel que le maquillage ou la coiffure par exemple. Il convient donc dans ce mémoire de considérer autant le rasoire que le déodorant ou encore que la palette de maquillage. Ces produits sont vendus généralement en magasins spécialisés ou en grande surface, de plus en plus de personnes achètent leurs produits sur Internet.
Le marché de la beauté est de plus en plus diversifié, on peut aller des marques bas de gamme au produits de luxe aux prix exorbitants. L’utilisation de produits est aujourd’hui rentrée dans les moeurs, peu importe si on utilise très peu de produits ou si on en a une collection, tous/tes utilisent des produits de beauté. Il existe selon moi plusieurs catégories de produits. Tout d’abord les produits d’hygiène prioritaires qui sont tous les produits qui participent à l’entretien du corps du côté de l’hygiène, ces produits permettent d’être présentables et propres, on peut donc y lister le savon, le gel douche et le shampoing. Ensuite, on retrouve les produits d’hygiène secondaire qui sont des produits d’amélioration de l’hygiène mais dont il est possible de se passer tel que le déodorant, le rasoir et le parfum. Après, il y a les produits de soin qui ont pour but de régler des problèmes propres à chacun comme par exemple de l’acnée, des peaux sèches ou encore des problèmes de cheveux… ces produits se présentent souvent sous formes d’huiles ou de crèmes. Enfin les produits que j’appelle produits d’apparats qui sont donc les produits non essentiels qui ont pour but d’améliorer l’apparence temporairement, je pense ici au rest des produits tel que le gel, laque, maquillage, faux-cils, vernis, mousse pour cheveux… Que ce soit pour de l’hygiène ou de l’apparence, le nombre de variété de produits augmente avec la demande. On crée donc le besoin en cherchant à vendre des produits c’est alors que les produits d’apparats ont pris plus d’ampleur que les produits d’hygiène. Cependant les produits d’hygiène restent nécessaires.

Les produits ne sont donc pas par définitions genrés, cependant, beaucoup de produits sont aujourd’hui genrés. On a tendance à penser quand on parle de produits genrés au maquillage et au shampoing pour les filles et le déodorant pour les garçons. Les produits pensés pour les femmes aujourd’hui sont de toutes catégories. Il y a l’imaginaire collectif que c’est à la femme de plaire par le travail de son apparence et donc le complexe mode beauté exploite cette part du sexisme et la nourrit afin de vendre toujours plus de produits de beauté. Les hommes sont cependants exclus par ce complexe parce qu’ils ne représentent pas la majorité des acheteurs. C’est alors que cette vision des genre se reflète sur les produits en vente.

Les produits dits pour femmes sont une multitude de produits avec un effet différent. Rien que pour les produits de douche on parle de gel douche mais aussi de gommage, soin pour le corps, shampoing, après-shampoing, démêlant… La simple douche est un lieu qui permet de vendre une quantité improbable de produits. On remarque une différence importante avec les produits vendus pour les hommes, c’est que pour eux il n’est pas question de multiplier les produits et les utilisations mais plutôt de les compresser pour en faire le moins possible.
On sent une vraie volonté d’aller à l’inverse de ce qui est féminin. Etant donné que le nombre est une notion importante des produits de beauté féminins, il faut dans la notion de virilité et de masculinité aller à l’encontre de ce principe. C’est alors que l’on se retrouve avec des produits peu nombreux qui combinent le maximum de produits possible. Le cas le plus probant est donc le gel douche pour homme.

On peut voir par cette image les similarités entre les produits. Tout d’abord j’aimerai parler de la forme. Les gels douches sont souvent dans une forme allongée. Ces formes font allusion pour moi à deux concepts. on peut donc penser que la forme fait référence à des trophées de part le fait qu’en plus d’être saisi par le milieu avec la main il y a un affaissement au centre. Ensuite et pour moi c’est ce qui est le plus apparent est le fait qu’ils ressemblent à un torse d’homme légèrement musclé. Cette forme fait donc référence dans les deux cas aux injonctions à l’esthétique virile. Je vais ensuite parler des couleurs. J’ai trouvé très peu d’exemples de gels douches masculins n’étant pas bleus, verts ou noirs.

On retrouve au fur et à mesure des recherches différentes teintes de bleus mais très peu se démarquent par une autre couleur. Le bleu que l’on voit le plus est le bleu électrique aux allures fluo. Le bleu est souvent attribué au contenu du gel douche et le noir au packaging. On retrouve également presque à chaque fois l’étiquette rectangulaire noire au centre du packaging. Cette étiquette est là pour donner des informations sur le produit tel que la marque et le but par exemple. Il n’est que très rarement question dans les gels douche masculins de mentionner la senteur du produit.

gels douche pour homme
En effet, il est plus important pour les marques de faire que ce produit soit un trois en un fait pour le sport plutôt que de renseigner sur l’odeur que l’on aura en sortant de la douche. Ici les priorités ne sont donc clairement pas les mêmes, l’odeur n’a pas son importance, je me suis essayée à un exercice qui consiste à essayer de deviner l’odeur de ces produits, sur 4 produits je n’ai pas trouvé quelle était l’odeur pourtant si forte qui en émane, le seul mot qui m’est venu à l’esprit est “chimique”. Pour revenir à l’étiquette du produit, il est souvent fait mention de l’argument du sport. Cependant je vais rétablir un mythe, tous les hommes ne font pas de sport. Cette mention renvoie donc à l’image de l’homme sportif au corps entretenu et donc pousse encore le vice de l’injonction à la virilité. Enfin, l’ouverture de ces gels douche est souvent la même. L’ouverture consiste donc pousser un bout de plastique, cette ouverture souvent dans ces gels douche est difficile à ouvrir et nécessite d’y mettre une certaine force. Il s’agit souvent aussi d’une ouverture de couleur noir en lien avec le reste du packaging.

J’ai ici analysé une partie des gels douches que j’ai pu trouver en magasins. N’y croyant pas vraiment j’ai donc regardé les produits de beauté de mon entourage d’hommes cisgenre et j’ai donc vu qu’ils consomment bel et bien ces produits tous similaires. J’ai également voulu faire cet exercice d’analyse sur les produits corporels féminins afin de comparer mais la tâche était clairement plus difficile et moins utile. On invite les femmes au soin et donc les packaging suivent. On y retrouve des couleurs, des formes des senteurs diversifiées… Il existe à ce jour beaucoup trop de produits de beauté féminins et les marques se permettent des écarts sur l’esthétique des produits. Les produits masculins et les produits féminins n’ont clairement rien à voir.

Les codes de masculinité peuvent changer selon les produits proposés mais il est quand même souvent question des mêmes critères. L’image de l’homme viril est entretenue par ces produits. Il y a une question d’évidence, ces produits ne sont que très rarement questionnés, ils sont achetés par mécanismes tellement leur apparence est marquante. Il y a une double influence esthétique entre le produit et l’injonction à la virilité. On crée ce genre de produit pour imposer la virilité aux hommes mais on travail leur esthétique par rapport à l’apparence virile. L’esthétique virile influence le packaging des produits de beauté mais également l’esthétique des produits de beauté influence l’esthétique virile. On est sur un cercle vicieux de l’apparence. Cependant, quelles sont les alternatives d’aujourd’hui ?

3. Vers une normalisation de la beauté masculine ?

Il est vrai que comme dans beaucoup de domaines les produits de beauté n’échappent pas à la considération par la binarité du genre. Comme je l’ai dit, on a tendance à qualifier les produits d’apparat comme étant des produits féminins et les produits d’hygiène primaires comme pouvant être pour les femmes mais aussi pour les hommes tout en limitant le nombre de produits utilisés par les hommes. Bien que ces produits soient une évidence pour beaucoup aujourd’hui, ils ne correspondent pas à tous.
Logo
Je me suis donc demandé au cours de ce mémoire s’il existait des alternatives à ce système du produit viril. J’ai donc, au fur et à mesure de mes recherches, trouvé des marques de maquillage dits pour homme. Ces marques vendent du renouveau en invitant les hommes à consommer des produits d’apparats qui sont normalement réservés aux femmes mais posent cependant toujours des problèmes. Je vais donc parler ici de la marque Formen makeup qui, comme son nom l’indique est une marque de maquillage pour homme.
Cette marque proposent des cosmétiques mais également des outils de maquillage et des soins corporels. Le problème que je trouve à cette marque est tout d’abord que selon moi elle ne règle pas le problème. Elle invite certe les hommes à consommer du maquillage mais elle garde cette esthétique de virilité. Le but n’est pas de sortir de la virilité mais plutôt de sublimer la virilité par du maquillage. Bien que ce soit ici la logique de la marque, je ne pense pas que cette vision de la virilité aide à sortir du jugement, on reste sur des produits simplifiés, sobre ce qui pour moi est caractéristique d’une peur du jugement. C’est un produit qui ressemble à du maquillage qui possède uniquement la forme du maquillage mais il ne reste pas évident. Le logo de la marque ainsi que toute charte graphique qui en est liée sont également signe de virilité. On est ici sur des produits exclusivement noirs ou blancs sans ornements autre que le logo et le nom de la marque. On est aussi sur des produits pas tout à fait diversifiés, ils vendent le nécessaire de beauté de base tel que des correcteurs ou du fond de teint mais rien qui va au-delà, on n’a aucun produits qui invitent les hommes à s’ouvrir à du maquillage artistique ou simplement coloré.
Certains produits jouent avec la nuance du genre, je pense notamment à la marque du créateur Jean-Paul Gaultier qui par le parfum le mâle, propose une esthétique en lien avec la virilité tout en y ajoutant une odeur qui n’a aucun lien avec celle-ci.
Le Mâle
J’ai trouvé très peu de marques contournant les scripts de genre masculins. Les hommes qui souhaitent sortir de ces injonctions utilisent donc les produits dits féminins et se les approprient. Cependant il est très mal vu aujourd’hui pour un homme non queer de se maquiller avec des produits féminins. Certaines marques utilisent des modèles masculins pour la publicité de leurs marques mais ils sont très vite catalogués comme étant de la communauté LGBT+.
Très peu de marques s’adaptent, j’ai l’impression que ce changement n’est pas souhaité dans une grande partie des cas. Il est tellement peu courant pour un homme aujourd’hui d’aimer prendre soin de lui qu’on ne laisse la chance à personne d’essayer. Il y a une logique des marques dans le fait de considérer que si un homme souhaite prendre soin de lui il aura toujours la possibilité d’utiliser les produits féminins. Cependant par cette logique on exclue les hommes, on leur montre qu’ils ne sont pas les bienvenus. Le simple fait de leur dire de prendre des produits qui ne leur sont pas destinés est une pratique perfide, c’est leur montrer que cette pratique n’est pas encouragée et est considérée comme étant hors norme.
Pour conclure, le marché de la beauté est un marché en constante évolution. La production ainsi que les gains augmentent. Cependant il y a une inégalité des genres, ce marché considérant le genre en une binarité, les hommes en sont exclus pour se consacrer à la vente de produits pour les femmes. On peut donc se demander, à quoi cette différence et cette inégalité sont-elles dues?

1. Education du genre seulement par la binarité et la norme

Pendant longtemps on a pensé que le genre était dans une binarité. On liait le genre aux organes reproducteurs que l’on possédait. C’est une pensée que l’on enseigne encore aujourd’hui dans le système scolaire. On apprend aujourd’hui aux enfants qu’il y a les mâles et les femelles, qu’il y a papa et maman, qu’il y a les petits garçons et les petites filles. En dehors de contenus hétéronormés, il y a une transphobie assumée dans les complexes scolaires importante. En effet le maquillage est interdit aux hommes dans certains collèges et lycées. A Albi par exemple, une mère s’est plainte que sa fille était choquée de voir un de ses camarade masculin maquillé, le garçon s’est vu interdit de maquillage sous peine de sanction . Ce n’est pas un comportement isolé, moi-même je me souviens des restrictions vestimentaires de mon collège qui interdisent les tenues provocantes, c’est ainsi que mes amis travestis pour un rassemblement se sont retrouvés à devoir expliquer leurs tenues devant les professeurs.
On normalise ces pratique, ces exclusions. On apprend qu’on est forcément fille ou garçon, durant ma scolarité au collège et au lycée, je n’ai jamais entendu parlé d’identité de genre ou encore de transidentité. On apprenait simplement qu’il y avait les chromosomes XX et XY. C’est un sexisme qui se fait avant même la naissance des bébés. La socialisation par le genre en tant que binarité se faire à partir du moment où à l’échographie on annonce aux parents le sexe du bébé, on dit directement “c’est une fille” ou “c’est un garçon”. Savoir quel organe reproducteur possède un bébé n’a rien d’extraordinaire, ce qui a de l’importance c’est que cette annonce trace déjà un certain parcours de vie de cet enfant. On annonce aux parents la manière dont ils vont devoir éduquer l’enfant. Si “c’est une fille” on lui attribuera la chambre rose, les barbies et la dinette, si “c’est un garçon” on lui attribuera la chambre bleu, les robots et le kit de bricolage. Le manque de jouets mixtes témoigne de cette situation, s’il en existe peu c’est qu’il y a peu de demande.
On différencie les genre par la suite tout au long de l’éducation de l’enfant. On sépare les filles et les garçons au cours des loisirs par exemple. Alors que les loisirs créatifs sont attribués aux filles on a tendance à attribuer les sports aux garçons. On implique moins les filles dans les activités d’action. Pour faire le point historique, c’est possiblement dû à l’éducation des spartiates durant l’Antiquité. On sélectionnait uniquement les bébés les plus robustes afin de faire une population entière de soldats. Les femmes devaient elles aussi être robustes dans le but de faire des bébés spartiates hommes robustes. C’était des enfants maltraités pour en faire des soldats plus résistants. Aujourd’hui ce n’est plus vraiment de la maltraitance à proprement parlé même si cela dépend des points de vue. Cependant le but recherché par la séparation des genres est très ressemblant. On ne cherche pas des soldats à proprement parlé pour combattre Athène mais on entretient par l’injonction à la virilité l’idée de l’homme robuste.
On entretient la violence chez les jeunes garçons en leur montrant que ce n’est pas si grave de se battre tout en leur enseignant qu’on ne se bat pas avec les filles. Plusieurs points me gène dans cette éducation. Tout d’abord, on exclue les filles de la violence, je ne dis pas que les filles doivent frapper mais j’en viens à mon deuxième point qui est que la violence ne doit pas être imposée ni aux garçons, ni aux filles, ni à personne. On voit d’ailleurs que cette injonction apprise aux enfants n’est pas très efficace vu le nombre de féminicides qui ne fait qu’augmenter. Avec cette règle absurde, on entretient le mythe du sexe fort. On montre que le corps des hommes est fait pour la bagarre puisqu’il est plus solide, à la spartiate, et on montre aux filles qu’elles sont plus faible en leur apprenant que c’est en prenant part à leur jeux qu’elles se feront mal, on leur introduit la notion de la dangerosité des hommes avant même de leur apprendre à lire. C’est pour moi une des séparations les plus définitives et néfastes pour l’éducation.
Je me souviens que durant ma primaire je jouais beaucoup avec les garçons. Alors que les autres filles avaient peur de jouer avec eux et les trouvaient grossiers, la règle que j’énonce plus tôt ne m’avait pas été enseignée. En effet, ayant un grand frère, mes parents préféraient nous voir réunis que séparés et ne m’ont donc pas enseigné la peur des garçons. J’ai donc très vite été catégorisée comme marginale parce que je ne prêtait pas attention au genre lorsque je jouais avec des camarades. Cela n’a cependant pas duré puisque très vite le corps enseignant s’est doté d’une mission importante : me faire rentrer dans les rangs. Je raconte cette anecdote de mon enfance parce que c’est un point qui reste ancré dans ma mémoire alors que mes souvenirs de cette période disparaissent avec le temps. Je pense beaucoup à cette période en me demandant pourquoi je n’ai pas continué à avoir ce comportement. Ce n’est qu’avec du recul et des recherches plus approfondie et militantes que j’ai compris que c’était un plus grand problème que simplement mon comportement avec les autres, c’est un problème de société.
Ces situations font parties du sexisme ordinaire qu’on trouve de plus en plus tôt et ancré dans l’éducation des jeunes.

2. Le sexisme ordinaire dans l’éducation

En parlant de sexisme ordinaire à mes proches, je me suis rendue compte que ce n’était pas une notion connue de tous. Nombreux comprennent cette notion une fois expliquée mais certains y voient une normalité et ne considèrent pas ça comme un problème. Le sexisme ordinaire est le sexisme que l’on trouve au quotidien qu’on a longtemps cautionné comme une norme avec laquelle il faut vivre. Le sexisme ordinaire comprend grand nombre de pratiques, il va des petites remarques à la manière d’éduquer.
Et donc, l’éducation est un vecteur de sexisme ordinaire très important. C’est en parti parce qu’on apprend aux enfants que le sexisme n’a rien de grave qu’il perdure encore, bien qu’il y ait une infinité de vecteurs du sexisme. Cependant pour moi il est important de considérer la part de l’éducation des enfants dans tout ça. Quand je parle éducation je parle à la fois de l’éducation faite par le/les parent/s à la maison mais aussi des établissements d’enseignements sans différencier le public et le privé. Je vais donc commencer par parler de l’éducation parentale.

Le comportement de la figure parentale fait partie du sexisme ordinaire. On observe encore et toujours le pattern familial de la mère proche de l’enfant qui est assigné en tant que fille et le père proche de l’enfant assigné en tant que garçon. au sein du foyer on a tendance à faire une chambre bleue pour les garçons et une chambre rose pour les filles. A l’intérieur même de ces chambres, les jouets sont des armes à part entière du sexisme ordinaire. Mon but n’est pas de faire une analyse de l’existant des jouets sexistes, cette analyse mériterait d’être un sujet de mémoire à elle seule.

Cependant je souhaite me pencher sur les jouets dits poupées. Il est souvent le cas dans les familles qu’on achète des poupées type Barbie aux jeunes filles et des poupées dites Action Man pour les garçons. C’est un début des injonctions esthétiques des genres. Les enfants ont tendance à reproduire ce qu’ils voient et entendent, donc ils reproduisent les critères de beauté qu’ils voient. C’est alors que les petites filles s’identifient à la Barbie très mince, habillée en rose et très maquillée alors que les petits garçons auront tendance à s’identifier au Action Man très musclé, habillé en militaire et très fort. Ce sont des images que l’on transmet aux enfants sans même se demander si l’enfant en subira à l’avenir les conséquences.

Je ne blâme pas la figure parentale qui reproduit ce schéma mais je constate juste de l’impact des jouets sur l’esthétique des genres sur le long terme. Ces jouets ont de l’impact mais ils ne sont pas l’entière source du problème, c’est un grand nombre de facteurs qui agissent sur les injonctions. Pour continuer sur le sexisme ordinaire en lien avec la parentalité, j’aimerai aussi parler de la manière dont les parents s’occupent de l’apparence des enfants. Il est vrai que dans l’enfance on a tendance à réserver les jupe aux filles et les pantalons aux garçons. C’est à ce moment là aussi que l’on montre aux garçons que leur apparence importe peu et que c’est une problématique féminine.

On voit aujourd’hui dans les représentations des jeunes garçons à la télé qu’il est fait pour jouer dans la boue et se salir et que donc il faut une esthétique allant avec ce caractère. L’éducation parentale a donc un impacte sur l’esthétique des genre. Elle perpétue des codes qui sont selon moi nocifs et pas innocents. Ce n’est cependant pas le seul facteur et surtout, ce n’est pas un facteur définitif. Ce n’est pas parce qu’on dit à une petite fille de mettre une jupe à ses quatres ans qu’elle perpétuera cette esthétique toute sa vie et qu’elle ne changera jamais de point de vue. L’apparence est le résultat d’un grand nombre de facteurs que l’on croise tout au long de notre vie.

J’ai déjà fait état des lieux du problème lié à l’apparence des genres dans les établissements scolaires mais je n’ai pas vraiment employé le terme sexisme ordinaire durant ce développement. Le sexisme ordinaire a une place importante dans les établissements scolaires. différencier les filles et les garçons en sport par exemple en fait partie et perpétue l’image du corps athlétique réservé aux garçons, on leur accorde plus de place dans ce domaine là tout en proposant aux fille des sports “plus adaptés” comme la danse.

3. Conflit des genres : être hors norme

Le constat qui émerge de mes analyses est clairement que le hors norme n’a pas sa place aujourd’hui dans notre société et que l’apparence est constamment mis en cause par le jugement d’autrui. Pour beaucoup, l’apparence montre qui on est ou en tout cas est ce qu’on veut montrer de nous. C’est une convention sociale qui implique une grande partie de hors norme. L’esthétique fait partie de la première impression que l’on a sur une personne et donc on se permet souvent une facilité de réflexion. Il y a de nombreux codes établis par la norme. Cependant ce sont des code qui impliquent le jugement direct d’une personne et le rejet de ce qui n’est pas en adéquation avec la norme, le hors norme. Être hors norme suscite plusieurs réactions de l’extérieur. Certains sont admirés mais il est souvent question de haine et de mépris. Je vais donc ici m’attarder à la condition des personnes à l’esthétique hors norme notamment sur les causes en lien avec le genre.

Tout d’abords, j’appelle hors norme les personnes qui ne cultivent pas une esthétique de leur propre apparence en adéquation avec les normes sociétales. Comme je l’ai dit plus tôt, beaucoup sont encore attachés à l’idée d’une binarité du genre. Quand aujourd’hui on brouille les codes du genre en ne laissant pas apparaître dans son esthétique le genre avec lequel on est en accord, on doit affronter un grand nombre de problèmes. Je me suis rendue compte au cours de mes recherches que toucher au genre est quelque chose qui évoque beaucoup de colère et d’incompréhension. Alors certains deviennent plus virulents que d’autres. On part de l’exclusion au meurtre dans les situations les plus extrêmes. C’est énorme pour simplement une manière d’agir sur son paraître mais comme je l’ai dit pour la plupart on se révèle par notre apparence et elle éveille la haine de l’inconnu.
Cette haine révèle pour moi une transphobie bien réelle. Il y a la peur extrême de se tromper de genre. Par ce fait les causes trans sont trop souvent oubliées des magasins qui vendent ce qui constitue l’esthétique aujourd’hui. On conforte la binarité au détriment de la notion évoquée du genre comme une variation. Quand l’esthétique devient hors norme, elle est souvent associée à l’orientation sexuelle. Il y a un énorme amalgame entre genre, physique, esthétique et orientation sexuelle.
Au niveau des produits de beauté, il existe peu de marques qui prennent en considérations les causes trans et marginales. Ils s’adaptent avec ce qui existe. Ils utilisent des produits qui de base sont dédiés aux femmes et se les approprient d’une autre manière. Il y a des exceptions comme par exemple la marque Jeffree Star Cosmetics crée par le youtubeur du même nom. On présente cependant ces produits comme des produits hors norme. Ils sont souvent hors de prix puisque la demande n’est pas la même.

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Être un homme aujourd’hui

Comme nous avons vu au début de ce mémoire, j’ai maintenant beaucoup de mal avec les définitions officielles des dictionnaires. Elles ne représentent pas selon moi la vérité, il y a beaucoup d’incohérences et de sexisme. C’est donc par la suite de mes recherches et de l’expérience que j’en ai tiré que je vais tenter de définir la notion de virilité. Ce n’est donc pas une définition à proprement parlé mais plutôt la manière dont moi je perçois cette notion et la comprend dans ce mémoire.

Pour moi, la virilité est une injonction qui nécessite de chercher à être dans une masculinité en puissance. C’est une injonction faite aux hommes mais non essentiellement masculine, une femme peut être autant virile qu’un homme. C’est cependant bien vue chez les hommes et mal vue chez les femmes ainsi que la communauté queer par la société actuelle. Il y a l’idée de domination de l’autre. On lui associe généralement la galanterie et la confiance en soi.
La notion de virilité n’est pas figée dans l’espace temps. En effet, les attentes n’ont pas toujours été les mêmes . Une des origines de la virilité qui me paraît intéressante est l’origine de la Grèce Antique. On a cette image de la Grèce Antique faite d’hommes musclés homosexuels libre sexuellement. Cette image est liée au patrimoine artistique qui a survécu toutes ces années. Beaucoup se réfèrent donc aux statues pour établir la virilité antique mais elle va plus loin que de simples muscles. La virilité grecque de l’antiquité avait pour principe premier la domination. On parle ici d’une domination à plusieurs moment. Tout d’abord le point le plus important il me semble, point encore impactant sur la notion de virilité actuelle, est la domination envers les femmes. à l’époque on ne parlait évidemment pas de transidentité. L’homme avait pour devoir de dominer les femmes. Le père de famille gérait sa femme et vendait ses filles, elles ne choisissaient ni époux, ni façon de vivre. Les hommes avaient alors tous les droits sur les femmes et leurs corps, on célébrait même à une certaine époque l’enlèvement des femmes qui était une raison de mariage. Pour revenir à l’esthétique virile, les sports étaient très appréciés et donc les corps étaient musclés, comme l’image que l’on peut avoir des statues antiques. La grande différence avec l’image de la virilité actuelle est la taille de l’organe reproducteur masculin. Alors qu’aujourd’hui il est encouragé d’avoir l’organe le plus long possible, durant l’antiquité c’était synonyme d’hubris et donc les plus petits pénis étaient signe d’une virilité imposante. Il était d’usage de penser à l’époque qu’avoir un pénis plus grand que la moyenne signifiait que la personne ne se contrôlait pas sexuellement.

La virilité a évolué et a changé maintes et maintes fois. Mon but n’est pas de faire un historique complet de la virilité mais d’en comprendre la source pour mieux en assimiler le sens. Elle va bien au delà qu’une simple idée. C’est une façon d’être, d’agir et de penser qui peut aller du sentiment innocent à un comportement extrême et toxique. Il ne serait pas juste selon moi de simplement en faire une notion d’homme primitif, elle va au delà. Tout comme le genre, il est pour moi question de variation. On peut ne pas se sentir viril, se sentir légèrement virile ou complètement dans une virilité absolue. Il est tout aussi important de souligner qu’elle n’est pas mauvaise dans son entièreté. Comme toute injonctions, on peut en faire une faiblesse mais aussi une force.

Le problème que je souligne par ces recherches est que, bien qu’elle n’est pas toujours néfaste, elle l’est dans bien des cas et en devient destructrice. Nous n’avons pas tous le même rapport à la virilité. Alors que pour certains, c’est être fort, pour d’autres c’est être l’homme dominant le monde par la violence. C’est cette dernière vision des choses qui a fait que j’ai décidé de me consacrer à ces recherches.
Pour illustrer cette définition je vous invite à regarder la vidéo de la chaîne Youtube Parlons peu… mais parlons ! qui tente de définir la notion de virilité, vidéo trouvable en annexe. Dans cette vidéo, le personnage de Bertrand Lajoie parle de sa vision de la virilité. Il dit qu’il y a autant de virilités qu’il y a d’hommes sur terre. C’est une vision intéressante même si comme je le disais ce n’est pas une notion essentiellement masculine selon moi.
Il faut penser pour la suite de ce mémoire que cette définition est la mienne mais que chaque personne a sa définition de la virilité. Nous n’avons pas tous le même vécu par rapport à cette injonction. Je vais donc continuer en entendant par virilité la situation que j’ai décrite.

1. Les critères de beauté

On parle énormément des critères de beauté féminins. Comme je l’ai dit, on associe la beauté à une choses féminine alors qu’on privilégie la force pour les hommes. Aujourd’hui, on impose un grand nombres d’injonctions irréalistes liées à l’émergence mondiale des réseaux-sociaux. Les normes et les injonctions sont différentes selon les pays et continents, je vais donc me concentrer sur la situation actuelle française et européenne.

Nous avons dans notre culture et notre histoire un lourd passif avec le culte de la maigreur féminine. On a toujours triché avec nos corps pour paraître les plus minces possible. On partait du corset à aujourd’hui la retouche photo. Le culte de la maigreur n’a aujourd’hui rien d’innocent. Il y a la volonté de faire les femmes plus petites pour laisser plus de place aux hommes. Encore aujourd’hui nous sommes dans un combat constant contre le mansplaining et le manspreading.

Ces injonctions féminines ont un lien direct avec les injonctions masculines. On demande aux hommes de s’imposer face aux femmes, un peu à la façon de la Grèce antique. Il y a la notion esthétique de la virilité qui est de montrer que l’homme est un protecteur hors pair. Il y a l’imaginaire lié à un but d’anti-féminité. Pour beaucoup le but est de s’en éloigner, de créer une barrière entre le genre. Il faut montrer aujourd’hui physiquement qu’on est un homme et non une femme.

L’esthétique actuelle de l’homme européen est plutôt claire. Il doit être fort, puissant, beau, charismatique.

On peut voir par cette illustration la demande esthétique de l’homme par la société. Actuellement, prendre soin de lui n’est pas une nécessité. Il doit cependant s’entretenir musculairement parlant, on a tendance à mettre en avant la puissance en cultivant le mythe de l’homme musclé. C’est une injonction complémentaire du culte de la maigreure féminine. Dans les deux cas ce sont des injonctions difficile à réaliser qui nécessitent un investissement qui met en jeu la santé. Beaucoup se rendent malade pour obtenir une esthétique valorisée par la société. Beaucoup consomment des produits plus ou moins toxiques pour obtenir ce résultat alors que, étant tous différents, très peu peuvent génétiquement obtenir de bons résultats sans “tricher”.

Dessin de Mister T
Ca crée de grandes frustrations notamment chez les jeunes, c’est un objectif inatteignable sans des efforts continus et des moyens importants. Cela crée de grandes inégalités et enferme les gens dans une haine de ceux qui réussissent et inversement un sentiment de supériorité envers ceux qui n’en n’ont pas les moyens que ce soit physiques ou mentaux.
De plus en plus jeune, ils font face à des normes exigeantes. Je pense notamment aux jeunes adolescents présents sur les réseaux sociaux. Les réseaux sociaux sont devenus les miroirs de l’objectif esthétique à atteindre chez les jeunes. A cet âge, la puberté arrive et les codes esthétiques changent. Les garçons assignés comme tel grandissent, muent et leur corps change. C’est alors que les différences se creusent. Les exigences esthétiques des adolescents sont donc liées à cette période de changement. Je pense ici à la mode des “fuckboys” même si je n’aime pas ce nom. Le but est d’être esthétiquement plaisant pour séduire les jeunes filles. On est dans une virilité différente de celles qu’on a vu jusque là. Ce sont des jeunes garçons qui prennent soin d’eux même si le but est la séduction. On a vu l’émergence de ce style avec la popularité du réseau social Tik Tok où grand nombre de vidéos faites par ce genre de garçons ont pour but de se mettre en avant. N’oublions pas que la puberté n’agit pas de la même manière selon les garçons et qu’ils n’ont donc pas les mêmes chances d’obtenir ce résultat. Il est question à cet âge de popularité et donc d’inégalités et bien trop souvent de harcèlement. Encore une fois il n’y a que trop peu de place pour les marginaux. Bien qu’ils se soucient un peu plus à cet âge de l’apparence qu’ils renvoient, il reste pour autant inconcevable de trop prendre soin de sois. il reste dans l’imaginaire collectif que les garçons ne doivent pas dépasser la limite du genre. On rejette le féminin au lieu de travailler avec pour obtenir de meilleures versions de sois. On donne aux jeunes garçons des idoles souvent sportifs et on les juge quand ils admirent des personnes d’autres horizons comme dans le domaine artistique.

On entretient cette esthétique aux yeux des jeunes hommes mais aussi chez les jeunes femmes. On montre aux jeunes filles qu’elles doivent convoiter les hommes aux corps parfait. Pour illustrer mes propos j’aimerai vous présenter une série de jeux mobiles qui vise les jeunes filles, j’aimerai donc parler ici des jeux Is It Love. Ce sont des visuals novels interactifs qui mettent la joueuse en scène dans une relation hétorosexuelle et dont le but est de finir en couple avec le personnage principal du jeu. Chaque jeu se nomme comme le personnage principal.

Image tirée du site is-it-love.fandom.com
Je connais ces jeux depuis un moment parce que des amies y jouent, moi-même je me suis prise au jeu pour ne pas le critiquer sans savoir de quoi il retournait réellement. J’avoue être déçue de la vision du genre dans ces jeux. Le personnage féminin que l’on joue est très peu représenté, les images la comportant sont payantes mais par contre les hommes sont constamment représentés. Ensuite, les jeux mettent en scène des figures de l’homme toujours supérieures à la femme, d’après la liste que j’ai pu établir de ces jeux, on se retrouve donc à devoir être en couple avec son patron, son manager, son collègue sportif, un chef de gang, un musicien à la tête d’un groupe de métal, un surfeur, un vampire, un loup-garou qui se trouve être son professeur, un démon, un ange et enfin un chirurgien.

 Dans toutes ces histoires notre personnage est hiérarchiquement en dessous des hommes. Déjà qu’on nous impose une relation hétéronormée, on se retrouve à devoir accepter la supériorité des hommes qui tentent de nous séduire. Pour en revenir au sujet initial, tous les hommes cités sont représentés tel que la société actuelle leur demande d’être, ils sont grands, musclés et imposants. Ils sont considérés comme parfait dans la société même si je maintiens qu’on a tous des avis différents sur l’esthétique. Je ne pensais pas l’impact de ces jeux si néfastes avant de les essayer, il y a constamment ce sentiment d’irréel tellement ce n’est pas possible d’être comme ça. Ces images sont très réductrices et ne représentent en rien la réalité. Cependant, elles ne cessent d’augmenter les exigences esthétiques chez les jeunes filles visées par ces jeux et donc indirectement agissent sur l’esthétique des hommes.

Comme ces jeux l’illustrent, les hommes ont en plus des injonctions esthétiques des injonctions morales liées à la puissance et à la supériorité.

2. Les injonctions morales

La virilité fonctionne sur plusieurs niveaux, il y a les valeurs esthétiques mais aussi les valeurs morales. Ce sont deux valeurs d’une même pièce qui fonctionnent ensemble, c’est un tout. Et donc, l’esthétique virile est liée aux injonctions morales de la virilité.

Pour commencer à parler des injonctions morales de la virilité, j’aimerai ici parler des stages de virilité¹⁰. Les stages de virilité sont des séminaires organisés par l’Eglise catholique dans le but d’apprendre la virilité aux hommes. Seuls les hommes sont acceptés afin de s’éloigner de tout ce qui est féminin. Au cours de ces stages, ils effectuent des épreuves sportives tel que pousser des voitures et le football, ils assistent également à des conférences sur les notions clés de la virilité et sur la manière dont ils doivent se comporter avec les femmes. Il est évident ici que je ne partage en aucun point les valeurs transmises par ce genre de pratiques. Entre le fait que ce soit extrêmement sexiste, réducteur et tout simplement néfaste pour les hommes en eux-même.
Capture d’écran d’un reportage sur les stages de virilité
Photo d’Emma Watson lors de son discours pour la campagne He for She tirée du site medium.com

Pour contrebalancer, je vais parler de la campagne féministe d’Emma Watson appelée He for She¹¹. Emma Watson est une actrice britannique qui a fait un discours sur sa campagne féministe le 20 septembre 2014 à l’ONU. Durant ce discours, elle parle de l’implication des hommes dans les mouvements féministes ainsi que des bienfaits qu’ils peuvent en tirer. Elle montre que c’est un combat qui nécessite l’implication de tous. Au cours de ce discours, elle fait état des méfaits du sexisme envers les hommes. Elle parle tout d’abord des maladies mentales engendrées par l’injonction à la virilité et elle dit également “suicide is the bigger killer of men” qui signifie que le suicide est le plus grand tueur d’hommes. Elle fait également part de son envie que les genres soient considérée comme un seul et même spectre et non pas deux idées opposées. Ce genre de discours manquent aujourd’hui puisque c’est un combat qui n’est pas encore gagné.

Comme l’esthétique, il est imposé pour être virile d’avoir l’air d’être le sexe fort. Il faut protéger les “faibles”. Je vais donc parler d’un point de la virilité qui m’a toujours perturbée, la galanterie. Je vais parler d’une notion qui fait un peu polémique aujourd’hui. Quand je dis que je n’aime pas la galanterie, je me suis souvent heurtée à des avis contraires au mien. Le gros point de la galanterie qui pour moi fait que cette notion est à abolir est le fait qu’on sépare le genre en binarité tout en qualifiant le rôle du genre féminin comme un genre en détresse. Le but de la galanterie est de jouer les héros masculins auprès des femmes en les servant comme si c’était des princesses. Je ne compte plus les “tu devrais être flattée”, “vous êtes bien contentes quand on vous tient la porte” ou encore “ça devrait te faire plaisir d’être au centre de l’attention des hommes”. A la grande surprise générale, non, ça ne marche pas de cette façon, les femmes sont autant en détresse que les non-binaires et surtout que les hommes. Dans l’imaginaire collectif, l’homme par galanterie doit entretenir la femme qu’il convoite. Il est donc sensé payer les loisirs et les repas qu’il consomme avec elles. Cette vision évolue avec le temps mais il reste aujourd’hui encore cette obligation. Il y a encore cette pression de plaire aux femmes et de les entretenir afin de mieux les séduire.

Il y a, dans l’obligation d’entretenir les femmes, l’obligation de force et de courage. C’est ici que le lien le plus évident avec les charges esthétique est. L’esprit doit aller avec le corps et donc toujours être dans la force. On décourage les activités artistiques et encourage le sport afin d’avoir l’esprit et le corps fort. On montre donc des héros aux corps improbables mais aussi avec des valeurs tel que l’humanité, le courage et la force. Je pense ici aux héros Marvel mais plus exactement au Captain América. Cet homme était tout d’abord quelqu’un de plutôt mince et petit qui pour ces raisons ne pouvait pas rentrer dans l’armée des Etats-Unis. Ils ont ensuite modifié son corps pour en faire un athlète surhumain qui représenterait le pays. Dans le comics, il devient l’idole des foules, des cartes sont vendues en son nom et même des jouets alors que personne ne savait qui il était lorsqu’il petit et mince. C’est ce genre de représentations qui montre aux jeunes l’objectif physique et mental à atteindre. Si on y ajoute les tenues moulantes montrant chaque parcelle de muscles on se retrouve avec une représentation qui devient iconique et qui vend des millions de places au cinéma.

Couverture du comics Captain América volume 1 numéro 126
Je reprécise que je ne suis pas d’accord avec ces notions même si j’avoue consommer ce genre de films. Il faut prendre conscience que le monde ne doit pas être comme ça. Bien que ce soit de la fiction, ça me gêne de montrer aux adolescent l’objectif inatteignable de Captain América. Si on prend l’entièreté du Marvel Cinematic Univers, on se rend compte qu’il a fallu attendre 20 films pour avoir un personnage principal féminin. Les autres films représentent des hommes qui se battent entre-eux avec des femmes en second plan qui sont plus dans l’agilité et l’infiltration. Les hommes sont eux pour la plupart représentés dans la force.
Trop peu de fois on montre la virilité par la sensibilité ou par d’autres prismes. Je suis persuadée que tout le monde peut être viril si tel est son souhait sans pour autant passer par ces étapes. Beaucoup se forcent pour correspondre aux critères de l’idéal commun de la virilité sans pour autant questionner l’être qu’on est vraiment. Au lieu de ça, on enferme l’image de la virilité à l’image d’un séducteur en herbe.

3. L’homme viril, quel séducteur !

Jusque là nous avons vu les injonctions de la virilité, cependant, un homme ne peut être accompli selon le cliché que s’il peut séduire les demoiselles en détresse. Il en revient donc de la quête sacrée de la masculinité toxique de considérer la séduction comme une performance de la virilité, comme un but et une fin en soi.

On est encore une fois sur une vision hétéronormée de la vie de couple. L’argument qui m’est le plus souvent répliqué est que nous venons du singe, donc des animaux et que les animaux se chassent et se courtisent de manière assez violentes selon les espèces. C’est en effet une vision primitive des genres sauf qu’avec un peu de réflexion, il est facile d’en arriver à la conclusion que nous ne sommes plus des animaux depuis des décennies. Je rajouterai également que peu d’espèces se courtisent de cette manière. S’il convient donc à un homme de justifier un viol par l’argument simple que les koalas se violent pour faire des enfants, je ne pense pas que cet argument soit valide peu importe l’endroit, encore moins dans un tribunal.
L’homme viril est donc vu aujourd’hui comme un primate reproducteur. C’est d’ailleurs pour cette raison que les femmes sont souvent mises en cause lors d’infertilité au sein d’un couple hétérosexuel, je vous renvoie ici au mémoire de ma camarade Malaury Cantagrel sur l’insémination artisanale. On traduit souvent l’acte sexuel comme un act de reproduction alors que c’est bien plus que ça. Il est question par l’acte sexuel d’une vraie performance de masculinité. On reste ici dans l’optique de dominer. C’est alors qu’apparaît l’idée reçue la plus illogique que j’ai vue, les hommes couchent plus que les femmes. Ce qui va suivre de ma réflexion est tiré de la vidéo de la chaîne Youtube Parlons peu… Mais parlons !¹²les hommes couchent-ils plus que les femmes ?. Dans cette vidéo, Maud Bettinamarie et Juliette Tresanini arrivent à la conclusion que non, les hommes ne couchent pas plus que les femmes. Imaginons, si un homme a des rapports (consentis ou non) avec plusieurs femmes, alors ces plusieurs femmes ont eu un rapport avec cet homme, si on calcule, un homme couche avec trois femme, ces trois femmes couchent avec cet homme en toute logique, alors il y a trois rapports masculins pour trois rapports féminins. Il en va de même si une femme couche avec plusieurs hommes, si plusieurs hommes couchent avec le même nombre de femmes, si une femme couche avec un homme… Mathématiquement, on arrivera toujours au même résultat. Je vous invite à regarder cette vidéo dans les annexes afin d’avoir un avis illustré sur la question.

Je veux en venir à un point important sur cette analyse, l’imaginaire collectif est faux. La raison est simple, on ment sur la fréquence de nos rapports sexuels. Mais pourquoi mentons-nous sur ce sujet ? Si le sexe est une partie importante de la virilité comme la performance sexuelle, la taille du pénis ou la durée des ébats, il est d’usage de faire croire que l’on remplit tous les critères de la performance masculine. Ici j’essaie de montrer l’enjeux et l’influence des injonctions viriles chez les hommes. Il y a une pression énorme sur la perte de la virginité chez les jeunes hommes par exemple, il est d’usage de se vanter de ses conquêtes plutôt que de se vanter de n’avoir eu aucun rapport sexuel. Il est donc courant chez les hommes de mentir sur le nombre de leur conquêtes et la qualité de leurs ébats.

Cette injonction a de nombreux problèmes, tout d’abord elle augmente les complexes chez les jeunes hommes, beaucoup font le rapprochement entre leur apparence et leur vie sexuelle. Dans l’imaginaire de beaucoup de personnes, la taille du pénis est symbolique de la performance et donc pour être viril beaucoup pensent qu’il faut avoir un organe disproportionné. un phénomène courant qui reflète de cet état d’esprit est l’arnaque sur internet qui promet d’élargir les pénis. On connait tous ce genre de publicités que l’on trouve aujourd’hui ridicule, pourtant, si elles existent c’est que quelque part, ça fonctionne, c’est ici la preuve d’un vrai problème.
En parlant de performance sexuelles, je ne peux omettre la banalisation du viol. Aujourd’hui, le viol reste trop impuni. Plus de 90% des viols sont commis par des hommes. En effet, la performance masculine sexuelle va par moment dans l’acte de violence. Par exemple, je cite Eric Zemmour, homme sexiste pro-patriarca à qui on laisse la parole sur de nombreuses chaînes de télévision tel que BFMTV par exemple. Il affirme donc que L’homme “est par nature un prédateur sexuel usant de violence¹³. J’aimerai tout d’abord souligner qu’il n’y a pas de nature à être un prédateur sexuel, on ne le naît pas, on le devient. Ensuite, quand bien même certains croient à cette théorie, ça ne justifie en rien les actes de violences. Si aujourd’hui le viol est autant banalisé, c’est parce que beaucoup adhèrent à ces idées, beaucoup d’hommes mais aussi des femmes. Je me rappelle de la dernière cérémonie des césars en date où Polanski lui-même a été oscarisé alors qu’il est accusé de viol sur mineurs et est recherché. Si aujourd’hui beaucoup acceptent de le récompenser et de travailler avec lui, c’est d’une part pour l’argent que cela rapporte mais également pour la puissance masculine, et il est encore plus consternant de voir qu’aujourd’hui, il est toujours en liberté. Comme l’a dit Adèle HaenelC’est la honte”.

1. Esthétique et orientation sexuelle

La notion de virilité est pas définition opposée à la notion queer. En effet, alors que le principe de la virilité est de placer des règles et des limites afin d’avoir une uniformité dans un cadre donné, la notion queer elle est le cadre sans le cadre, c’est une notion qui brise les codes et les barrières, c’est une notion en lien avec la liberté et l’essence même de ce qu’il y a en chacun de nous. Cela fait donc que ces deux notions sont liées.

Comme je l’ai dit plus tôt, il est normal aujourd’hui de se servir de l’apparence de quelqu’un pour émettre un jugement rapide d’une personne ainsi que de définir l’appartenance sexuelle ainsi que le genre de celle-ci. Pour beaucoup, l’apparence permet de deviner l’orientation sexuelle de quelqu’un.

Aujourd’hui, on peut clairement parler d’une esthétique LGBT. Cependant, beaucoup utilisent cette notion d’esthétique à tort et à travers. Le lien entre esthétique et orientation sexuelle n’est pas un lien direct et surtout ce n’est pas une obligation. Beaucoup pensent que c’est une injonction respectée de tous les membres de la communauté LGBT, pour rétablir le mythe, non, ils/elles ne se forcent pas à avoir une apparence en lien avec leur orientation sexuelle. Si beaucoup trouvent les gays trop efféminés et les lesbiennes pas assez, l’inverse pose tout de même un problème lié avec le fait d’induire en erreur. Il en devient donc d’usage de penser que si un homme est efféminé, il est de la communauté LGBT.
Illustration par Mallaury Cantagrel
Beaucoup associent la virilité à l’hétérosexualité et donc ce qui ne rentre pas dans les codes de la virilité comme étant l’autre, le reste et parfois ils sont associés à l’image homosexuelle. Par exemple, je vous propose cette illustration d’une blague dessinée par Mallaury Cantagrel. Cette illustration montre que les homosexuels sont considérés comme des hommes maniérés d’où le fait qu’ils soient représentés ici avec les hanches décalées et le poignet légèrement cassé, qui donnent la forme d’une théière. On entend beaucoup que les homosexuels sont des précieuses, des extravagantes, des divas… On emploie d’ailleurs pour les qualifiées des noms féminins dans une langue où le masculin l’emporte. Par ces mots on veut montrer qu’ils sont différents des hommes virils, qu’ils ne sont pas dans la norme. Comme nous l’avons vu la norme est la virilité et donc ces remarques sont employées de manière très négatives. On est dans un stéréotype très ancré dans une logique qui n’a pas de sens puisque au sein même de la communauté queer il existe une discorde liée à l’esthétique des corps et à la manière de se comporter.

Dans la communauté homosexuelle, tous ne sont pas d’accord avec cette image donnée de l’homme gay pas viril. Des catégories se sont créent au sein même de cette communauté. Tout d’abord, l’image la plus connue est les hommes twink. Ils représentent donc la vision actuelle de l’homosexuel efféminé. Ils ont donc pour objectif d’apparence d’être fin, menu, sans poils et surtout loin de l’esthétique virile. Le but est aussi d’avoir l’air jeune. Ils s’opposent donc à l’esthétique des bears. Les bears ont créé cette catégories car ils ne s’identifiaient pas à l’esthétique des twinks. Les bears sont donc dans une esthétique fortement liée à la virilité. Il sont généralement plus robustes, poilus, imposants, barbus… le but est donc de s’éloigner de ce qu’on identifie à l’apparence homosexuelle aujourd’hui, il y a une vraie volonté de ne pas être identifié comme tel. Ces catégories abritent de nombreuses autres sous-catégories, cela prouve l’importance de l’apparence dans la communauté.

Ces apparences montre un lien avec la virilité. Pour beaucoup virilité et homosexualité sont opposés. Il y a cette idée que qu’il est impossible d’être viril tout en n’étant pas hétérosexuel. L’esthétique ne fonctionne pas par syllogisme, L’esthétique n’implique pas l’orientation sexuelle et inversement. l’orientation sexuelle n’implique pas l’esthétique. On peut autant considérer cette injonction que celle de la virilité comme n’étant pas obligatoires mais bien trop souvent imposées par la société. Il faut prendre conscience de cela pour agir, bien trop de personnes attribue trop vite une orientation sexuelle aux gens sans réfléchir. Selon moi, ça vient de la peur des hommes hétérosexuels dans une masculinité toxique d’être non plus le séducteur mais le séduit. Quand quelqu’un ne devine pas l’orientation sexuelle de quelqu’un par l’apparence, certains et même certaines sentent une trahison, comme si la personne s’était cachée, alors qu’elle n’a juste pas voulu rentrer dans les codes que la société lui attribue. La simple notion de séduction dans la virilité fait des ravages mentaux et esthétiques comme on l’a vu jusqu’à présent, mêlé avec de l’homophobie et de la transphobie, la notion de virilité devient dévastatrice et bien trop dangereuse.
La communauté queer va par moment beaucoup plus loin. Ils se sont battus pour avoir les mêmes droits que tous, pour être considérés. Je vais donc parler des représentantes de la libération de l’esthétique, je vais parler des Drags Queens.

2. La Drag Queen comme brouilleuse du genre

Beaucoup connaissent le terme Drag Queen sans vraiment savoir ce qu’il signifie vraiment. Elles sont réputées pour être des homosexuels extravagants mais elles sont pourtant aujourd’hui les premières libératrices de l’esthétique des genres. Pour moi les Drag Queens donc des personnages d’artistes qui associent art de l’apparence et performance. Chaque Drag Queen possède un nom, une histoire et un style bien à elle. Une Drag Queen est souvent un homme, mais peut également être une femme, qui joue un personnage allant dans le sens de la féminité à outrance, elles brisent les barrières des genres.

Les Drag Queens sont à la fois admirées et détestée mais elles ne laissent pas indifférents tout simplement parce qu’elles touchent aux genres et que l’on a vu que dans les codes de la virilité, tout ce qui touche et brouille le genre est mal vu. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elles en jouent. Il y a un vrai but de l’outrance chez les Drags, elles cassent les codes par choix, elles se montrent dans le but de briller plus que les autres, elles y vont au culot. Beaucoup n’aiment pas ce point la tout simplement parce que le hors norme fait peur, et elle représente tout ce qui fait peur à la masculinité toxique. Elle confondent le genre, ce sont des hommes qui ressemblent à des femmes tout en ne cachant pas qu’ils sont des hommes, c’est ce culot qui gène mais qui fait que d’autres les admire.
Photos tirées de la page Facebook David Chan Cosplay
Dessin d’une Drag Queen
Elles prennent part au combat de l’abolition des genres esthétique. En effet, en utilisant cette esthétique de l’outrance, elles vont au dessus des barrières et pensent leur manière d’agir dans une optique complètement queer. On est au-delà des catégories tel que twink et bear, elles ont créé une catégorie trop grande pour n’est qu’une catégorie. On parle ici d’un univers qui déborde, qui passe la limite, tout en ayant une esthétique précise et libre. C’est un acte politique. Elles défendent des idées tel de la confiance en soi, l’acceptation des autres, l’acceptation de soi-même, la liberté d’expression, le partage, la passion… Elles brisent les tabous qui gênent, elles font ce que personne n’arrive à faire à l’heure actuelle. Personnellement je les admire autant pour le talent et les idées qu’elles véhiculent. Elles ne sont pas de simples divas, ce sont les reines du show, de la performance et de la liberté.
Leur succès est croissant aujourd’hui. On le voit notamment grâce au succès de l’émission Rupaul’s Drag Race. C’est un jeu où des Drags Queens sont en concurrence afin d’être la nouvelle star Drag (“America’s next drag superstar”). Cette émission comporte 12 saisons ce qui prouve son succès. Au cours de ces émissions on peut voir de nombreux/ses icônes défiler comme notamment Lady Gaga, symbole d’acceptation de soi et icône des communauté LGBT.
Elles performent aujourd’hui en France dans des bars gays mais également pour les occasions tel de des mariages par exemple. De plus en plus de personnes prennent conscience de l’ampleur de ce que dégage les Drags. Elles sont de plus en plus considérées comme de vraies artistes et performeuses, elles sont également de plus en plus présentes avec une communauté grandissante notamment grâce aux réseaux sociaux qui leur offre un moyen de se faire connaître et de partager les idées dans le monde.

Être une Drag Queen reste difficile, le culot à des conséquences notamment par l’homophobie qu’elles subissent. Les Drags sont revendiquées gay et aujourd’hui il existe encore trop de personnes ne comprennent pas ce mouvement ainsi que l’enjeu qui en émane. Beaucoup ne font pas l’effort de les appeler par des pronoms féminins dans un vrai but de signifier un désaccord et de décrédibiliser la cause. Cependant cette haine dûe à la virilité va trop loin. C’est un enjeu politique et les actes de certains/certaines vont beaucoup trop loin, brisant à chaque fois la barrière du légal et surtout du respect d’autrui.

3. De la peur à la haine

Il y a une véritable haine du monde queer. Il est pour moi compliqué de comprendre cette haine n’étant pas moi même comme cela. Cependant j’ai compris au fur et à mesure de ce mémoire que la haine qui en émane vient pour certains et certaines de la masculinité toxique à outrance. Un des crédos de la virilité est le contrôle, le fait donc de ne pas comprendre et connaître ce monde leur fait peur. La peur ne faisant pas partie du vocabulaire de la virilité, celle-ci se transforme en haine qui est devient donc beaucoup plus dévastatrice.

J’ai déjà parlé au cours de ce mémoire de la peur de se tromper de genre. J’ai également fait mention de la peur d’être le séduit et non le séducteur. Tout ceci est une répercussion des normes de base imposées par la société. Cela découle notamment du fait que beaucoup pensent que c’est à l’homme de courtiser les femmes et donc de les séduires en enchaînant avec le premier pas. Le premier problème est la norme de l’hétérosexualité. La société met trop souvent en avant le fait que l’homosexualité soit une marge. Beaucoup en viennent à penser que c’est une anomalie de la nature, c’est une pensée complètement absurde qui a été scientifiquement démontrée comme étant fausse. Si autant de personnes s’en tiennent à cette image c’est parce que c’est encore encouragé par la société actuelle.

C’est encouragé par le règne de la virilité à outrance. Comme je l’ai dit, pour beaucoup virilité et homosexualités sont opposés. Dans le concepte même de la virilité, les hommes se sentent plus masculins que les homosexuels et ils considèrent donc qu’il est plus facile de montrer sa virilité en rabaissant ce qu’ils considèrent plus faible qu’eux. C’est un comportement excessif et dangereux. C’est une notion que la société actuelle ne tente pas de rectifier et au vu du nombre d’assassinats guidés par la haine homophobe, ils est plus facile pour eux de fermer les yeux plutôt que d’agir en conséquence. J’essaie ici de comprendre le pourquoi du comment tout ceci se produit mais je n’ai jamais compris après maintes et maintes recherches qu’on puisse agir de la sorte. Comprendre ces actes ne les excuses pas et ne les excuseras jamais mais c’est par la compréhension que l’action est efficace.
Quand j’ai demandé à un ami apprenti Drag Queen s’il se maquillait à l’extérieur, il m’a répondu “Pas trop envie de me faire casser la gueule parce que j’ai 3 couleurs sur le visage” et j’ai alors réalisé les conséquences de ces injonctions. Ces actes de haines arrivent tellement souvent et sont d’une gravité telle que beaucoup ont aujourd’hui peur de se montrer. Et ceci va en contradiction totale avec la peur de ne pas deviner l’orientation sexuelle de quelqu’un par l’apparence que j’ai décrite plus tôt. C’est une boucle sans fin qui nourrit de jour en jour la haine et il est encore commun de penser qu’il n’y a pas de problèmes. Pour citer Nietzsche, « Vivre, c’est essentiellement dépouiller, blesser, violenter le faible et l’étranger, l’opprimer, lui imposer durement ses propres formes, l’assimile ou tout au moins l’exploiter » ¹⁴, et beaucoup sont dans cette optique. On minimise la violence en disant que c’est l’ordre des choses. C’est alors que l’on justifie tout acte de violence tout en justifiant qu’il est dans la norme pour un homme d’être violent.
Je tiens pour terminer à rappeler que l’homophobie ainsi que la transphobie sont illégales. Le monde est en constant changement et donc de ce fait ce ne sont pas des causes perdues. Il faut perpétuer nos luttes contre ces pratiques et je suis persuadées que l’on peut faire progresser les choses dans le bon sens. C’est un combat constant et j’ai l’espoir qu’avec de la détermination l’on puisse gagner.

La personna

J’ai ici inventé un personnage pour illustrer les personnes que je compte viser par mon action. On voit donc par cette illustration que j’ai choisi de cibler les hommes hétérosexuels cisgenres qui souhaitent prendre soin d’eux. Au cours de ce mémoire, plusieurs choix s’offraient à moi et pour ce projet j’ai décidé d’agir pour des personnes dont l’aide est souhaitée. Je ne fais pas ici une épreuve de force et donc je ne souhaite pas faire un projet dont le but est de s’imposer à quelqu’un. Ce genre de projets peuvent cependant faire suite au miens mais pour ce mémoire je cible donc des personnes qui veulent un changement à ce niveau.

Le lieu d’action

Dessin d'une douche
J’ai choisi comme lieu d’action la salle de bain. Nous avons vu au cours de ce mémoire l’importance de la salle de bain dans la création des injonctions liées aux esthétiques des genres. C’est un lieu où il y a tant à faire puisque le design est présent à plusieurs niveaux dans ce lieu. Il y a du design d’objet et du design d’espace par exemple. Comme je l’ai dit, c’est un lieu primordial de la création de genre et je pense que travailler sur ce lieu est actuellement une première nécessité. C’est l’endroit où on peut agir sur l’estime de soi et la manière dont on se perçoit nous-même.

Le moment

Il y a plusieurs moments où on peut agir dans une salle de bain. Dans un premier temps il y a le rituel de la douche. La douche est quotidienne. Les produits utilisés sont moins nombreux chez les hommes que chez les femmes. Les gels douches masculins sont souvent des gels douches trois en un : Corps, cheveux et visage. Il y a aussi l’action du rasage avec des rasoirs résistants à l’eau Il y a ensuite le rituel de l’évier. C’est ici que s’effectue des tâches tel que le rasage de la barbe, l’application de produits tel que la crème et d’autres tâches du care. C’est un moment généralement seul.
Je choisis donc de travailler pour ce projet sur le rituel de la douche pour en choisir un dans le temps qui m’est donné mais il est vrai que les deux rituels sont à repenser.

Mon action

Pour ce projet, j’ai décidé de créer un produit qui inviterai les hommes souhaitant prendre soin d’eux à sortir du jugement de cet acte. Pour cela je vais m’attaquer aux produits de beauté et plus précisément au packaging. Nous avons vu l’importance de l’esthétique de l’emballage des gels douche et on en a conclu qu’il y avait encore beaucoup de travail à faire. Il y a une uniformité à déconstruire, un ensemble de codes qui n’ont plus lieu d’être. Mon but est de redéfinir le rituel de beauté de la douche en accordant plus d’importance à ce moment. Il faut pour cela créer un produit qui invite la personne à s’y intéresser, à s’intéresser à cet instant souvent solitaire. La personne pourrait alors se retrouver avec elle-même.

Commençons tout d’abord à reprendre les analyses que j’ai faites plus tôt sur les gels douche :
Suite à mes analyses des existants des produits de beauté pour homme, j’ai établi une charte esthétique pour établir de nouveaux scripts de genre:
  • Ouverture sans force
  • Forme inverse du trophée ou du corps d’athlète 
  • Sortir de la couleur unique
  • Séparer le trois en un pour faire trois produits distincts
  • Donner de l’importance au care, au produits, changer l’habitude lassante du soin pour en faire un instant à soi par l’esthétique du produit

Mon gel douche sera donc efficace s’il respecte la charte que j’ai établi.

Le gel douche

Voici donc le résultat de mes recherches. Le projet se nomme De trois à moi en référence à la séparation du fameux trois en un.

Pour ce projet, j’ai cherché à non pas remplacer les scripts de genre masculins par des féminins mais il est plutôt question de créer de nouveaux scripts qui vont au delà de la binarité des genres. Je tiens à rappeler que mon but est de créer un produit dont l’esthétique lutte contre l’injonction à la virilité. Je souhaite créer un nouveau rituel de beauté pour les hommes qui ne se reconnaissent pas dans les produits de beauté actuels. Je ne souhaite pas changer l’utilité première qui est de se laver mais je cherche plutôt à agir sur l’esthétique du produit qui pour moi véhicule ces injonctions. Par ces recherches j’aimerai que ces nouveaux scripts aient un impact positif sur l’estime de soi et surtout sur l’estime des autres. Ce n’est pour l’instant appliqué que sur un seul produit mais j’ai l’espoir que ce genre de produits se diversifient pour laisser place à un nouveau rayon sans genre hors du jugement. J’ai également l’espoire que ce genre d’objets provoquent la réflexion sur la virilité à outrance chez ceux qui jusqu’alors suivaient tout simplement l’ensemble de codes de ce monde. Je sais que c’est très ambitieux et qu’à mon échelle rien ne changera, cependant si je ne suis qu’un barreau de l’échelle, c’est en y ajoutant d’autres barreaux qu’on fera avancer ce domaine économique.
Avec plus de temps, j’aurai développé le côté vente de ce produit. Tout d’abord j’imagine un emballage en carton écologique avec les informations sur le produit tel que la composition et la senteur. J’aurai également fait une gamme de produits en y ajoutant le déodorant et le parfum par exemple. Mais la situation actuelle a créé un manque de temps et de matériel qui fait que je n’ai pas pu aller plus loin. Ce n’est cependant pas un projet fermé, j’invite toute personne qui le souhaite à créer autant de produits de beauté que possible avec la même intention de renverser les scripts de genre.

Conclusion

Voici un poster récapitulatif du contenu de ce mémoire

Bien que l’injonction à la virilité soit présente depuis l’antiquité grecque voir même avant, elle reste une problématique très actuelle. Être un homme blanc cisgenre hétérosexuel viril est un privilège important. Il est donc imposé aux hommes d’être comme ça, il y a cette idée que le privilège prévaut sur une vie plus difficile mais en accord avec soi-même. Je ne défend pas ces privilèges et bien au contraire, ils sont la source de nombreux problèmes de société qui détruisent tous les jours de plus en plus de monde. Ces privilèges sont clairement liés à la notion de virilité. C’est une notion où il est d’usage de penser que l’homme est le sexe fort et donc pour se rassurer sur cette idée il en découle une vague de sexisme qui ne doit plus être tolérée aujourd’hui. Je me rend compte dans ma position de femme blanche cisgenre le nombre de portes qu’on essaie de me fermer du simple fait que je sois une femme. Ma position révèle cependant des privilèges mais hiérarchiquement j’ai été toute ma vie considérée comme inférieure aux hommes.

On m’a offert la chance de m’exprimer par ce mémoire et j’ai fait le choix d’utiliser cet espace pour parler de mes combats. Il y a un ras le bol qui a motivé mon envie de faire ces recherches. Je n’ai plus la force ces temps-ci de supporter le sexisme quotidien subi par les femmes, les hommes, et tout autre personne à qui on dit qu’il n’était pas assez bien par son genre ou même simplement personne n’a plus de valeur que n’importe qui. Que ce soit un privilège de genre, de race, de statut social, de famille, d’études… Rien ne justifie de telles violences.
J’ai choisis de parler de ce qui s’apparente au plus haut privilège lié au genre aujourd’hui, ce n’est pas pour prouver au monde qu’il a lieu d’être mais mon but est surtout de montrer à quel point le système de privilège peut détruire quelqu’un. On parle tous les jours de féminicides en ne se demandant jamais si la cause peut changer, si sortir ces hommes de ce rapport de force et de pouvoir peut être une solution plausible. A chaque fois qu’on me dit que le monde est comme ça et que c’est dans l’ordre des choses d’apprendre à un enfant de se battre je me rend compte de l’importance du combat que je mène.
Si un homme qui n’est pas gêné par son privilège arrête de se battre pour l’égalité de tous et l’abolition de ceux-ci, il n’en subira aucune conséquence alors que si une victime des privilèges arrête de se battre, les conséquences deviennent invivables. On apprend à ne se battre pour les autres qu’à la condition qu’on en tire quelque chose de bénéfique c’est pourquoi on continue encore et encore d’opprimer. Les privilégiés enfoncent les opprimés dans le but de maintenir ce pouvoir et même de l’accroître. C’est une situation intolérable qui ne peut changer du jour au lendemain. C’est un combat constant que l’on doit mener pour nous mais aussi pour les futures générations. On doit apprendre que le privilège n’est pas normal, que nous sommes tous égaux et que l’on doit aider son prochain sans attendre en retour de gagner quelque chose. On doit apprendre à donner de nos privilèges.On doit apprendre que le sacrifice d’un pouvoir pour le bien d’autrui n’a rien de négatif.
Il m’est aujourd’hui inconcevable de tolérer un monde où le viol n’est pas puni parce qu’il est commis par un privilégié, il m’est inconcevable de tolérer qu’une femme ait plus peur d’aller voir la police que de son mari violent, il m’est inconcevable que quelqu’un puisse se faire insulter dans la rue que ce soit pour sa tenue, sa couleur de peau, son maquillage, son orientation sexuelle et tout simplement parce qu’il/elle est dans la rue… Et pourtant tous les jours des milliers de personnes subissent ce genre de comportement et ont peur de sortir de chez eux.
Au cours de ce mémoire, j’ai parlé d’un problème sur une infinité d’autres. J’ai fait le choix de considérer la cause masculine comme ayant des problèmes à résoudre. Même si beaucoup de féministes ne s’entendent pas sur le sujet, il est important pour moi que les privilégiés luttent aux côtés des opprimés. Quand on prend la notion de virilité d’un point de vue objectif, c’est juste une esthétique et elle n’a rien de plus que la féminité ou toutes les variantes. C’est ce qu’on en a fait qui est néfaste, c’est l’abus. On a ajouté à une esthétique des valeurs morales injustes et on a privé toute personne virile d’émotion comme la tristesse et la peur. Cela a créé des personnes incapables d’empathie pour leurs prochains, frustrées et malheureuses.
La virilité est selon moi une variation de la même manière que ma considération du genre que l’on a pu voir en introduction. Il n’y a pas qu’une virilité et tous et toutes ne se sentent pas virils/es. Cependant la virilité à outrance est devenue une injonction, une norme qui exclut le respect d’autrui.
On a vu au cours de ce mémoire dans un premier temps que l’économie liée au marché de la beauté était une source importante de sexisme et un créateur de différence éloignant la virilité masculine de ce monde. On sent une volonté de les exclure de tout ce qui touche à la féminité. Ils ne sont pas la cible de ce marché parce qu’il n’y a pas de demande, et il n’y a pas de demande parce qu’on leur dit qu’ils ne sont pas la cible. La virilité à outrance est nourrie par ce genre de boucles sans fin qui ne demandent qu’à être brisées. On entretient ces vices et ainsi on détruit le hors norme. On a fait de la norme une entité sacrée indiscutable alors qu’elle doit être sans cesse remise en question.
On a également appris ce qu’était la virilité ainsi que ce qu’elle implique, que ce soit physiquement ou moralement. Par ce mémoire on a essayé de comprendre ce qui l’alimente de manière nocive dans le but de mieux agir par la suite. On lui a trouvé des conséquences à tout âge. On a vu que la haine vient du fait qu’on apprend à avoir peur du hors norme et de l’inconnu alors que la peur ne fait pas partie du vocabulaire viril. Cette peur qui se transforme alors en haine est dévastatrice dans notre monde que ce soit pour les hommes ou pour l’entourage.
Enfin nous avons cherché une solution qui amènerai les hommes à sortir de cette haine en leur apprenant à ne pas se juger les uns les autres tout en apprenant à s’aimer soi-même.
Il y a encore tellement à faire autours de ces notions. J’ai ici décidé que je travaillerai sur la beauté mais il y a tant de sujets à explorer et comme je l’ai dit, tant de barreaux à ajouter à cette échelle vers un monde vivable. J’encourage toute personne qui le souhaite à explorer les points que je n’ai pas cités. Je pense par exemple à la féminité, au rapport de force, la communauté queer… Il y a là tant de manière d’aborder ces sujets et j’espère que d’autres apporteront un oeil nouveau à cette cause.
Il me paraissait important avant de terminer ce mémoire de parler de l’année 2020 qui n’a pas forcément été une année apte à l’écriture
Je vais tout d’abord parler de la situation dans la fac où je fais mes recherches. Au cours de l’année, l’établissement s’est trouvé très exposé aux mesures prises par le gouvernement. C’est alors qu’un mouvement de grève important s’est lancé que ce soit pour le corps enseignant ou pour les étudiants. Il y avait une colère collective importante qui méritait de se faire entendre.
Je me suis moi-même sentie concernée par ce mouvement. Je lutte contre ces réformes et j’étais et je suis toujours en colère contre ce gouvernement qui veut nous enlever nos recherches et nous priver de moyens d’étudier. C’est pour cette raison que j’ai décidé de faire un mémoire impliqué dans une lutte sociale. Bien que je ne continue pas mes études pour le moment, je ne peux pas me dire que les générations à venir vont devoir travailler dans des conditions pareilles.
Ensuite, ces mouvements ont été mis en pause (et non pas en arrêt comme le pense certains) à cause d’une crise sanitaire que nous n’avions pas vu venir. Par la suite les moyens de recherches ont été limités de par le fait d’un confinement de deux mois et donc l’écriture en est devenue compliquée.
Pour terminer, je tenais tout d’abord à remercier tous mes amis de la communauté queer qui m’ont aidée à avancer et à comprendre. Je remercie l’ensemble du corps enseignant de m’avoir aidée à obtenir ce résultat. Je remercie Marion Macquet qui m’a permis de créer un site qui ne limite pas ma création. Enfin je remercie toute personne ayant contribué à ce mémoire de par une simple aide, un lien, un témoignage ou simplement en m’encourageant.

BIBLIOGRAPHIE

  • ABRAMOW Charlotte, Le Petit Manuel Sex Education, Netflix, 2020
  • CHOLLET Mona, Beauté fatale, 2012.
  • NIETZSCHE, Par-delà le bien et le mal
  • TUAILLON Victoire, Les Couilles sur la Table, 2019, Binge
  • ZEMMOUR Eric, Le Premier Sexe, Denoël, 2006
Rémi (Jojo), Défenseur du body positive au masculin, The Boys Club, Youtube, 2019
Rory, Jeune homme androgyne et fier dans The Boys Club, The Boys Club, Youtube, 2019
BETTINA MARIE Maud et TRESANINI Juliette avec LIOT Raphaël, La virilité, Parlons peu mais parlons !, 2018
BETTINA MARIE Maud et TRESANINI Juliette, Les mecs couchent plus que les filles ?, Parlons peu mais parlons !, 2019
Journaliste inconnu/e, Des catholiques ont participé à un stage afin d’apprendre à se sentir « homme » Le 20 heures, France 2, Journal télévisé, 2017
WATSON Emma, Discours pour He fo She, ONU, 2014

Questionnaires

Étant limitée en temps et en moyens suite au confinement, j’ai décidé de faire passer un questionnaire à 25 personnes de mon entourage. Bien que je connaisse les identités de chacuns, je souhaite garantir un anonymat total et c’est pour cela que les réponses sont classées de cette façon.
Vous êtes :
  • Femmes : 17
  • Hommes : 7
  • Je ne souhaite pas statuer : 1
  • Autre : 0
Quel âge avez-vous :
  • 19 ans : 1
  • 20 ans : 3
  • 21 ans : 7
  • 22 ans : 2
  • 23 ans : 5
  • 24 ans : 2
  • 25 ans : 2
  • 27 ans : 2
  • 44 ans : 1
Utilisez vous des produits de beauté (soin et maquillage) ? :
  • Oui : 22
  • Non : 3
Pourquoi utilisez-vous des produits de beauté ?
  • Pour prendre soin de moi et le plaisir
  • Pour mieux prendre soin de mon corps
  • Selon moi, ses produits de beauté est un jeu, je ne les utilise pas pour cacher ou améliorer quoique ce soit sur moi
  • Pour le bien de ma peau
  • Pour faire du drag (yas queen)
  • Peau sèche
  • Pour faire du drag
  • Principalement pour le soin de ma peau très sèche, et pour le maquillage c’est quand j’en ai envie et uniquement pour moi.
  • Pour me sentir en accord avec mon humeur du moment
  • Mon plaisir personnel
  • Pour cacher des rougeurs de peau et sublimer les yeux
  • J’utilise des produits pour mon visage pour assure une bonne hygiène de la peau (hydrate, nettoie pour des problèmes d’acnée) et la protéger de la pollution.
  • Parce que ma peau en a besoin/ pour me faire belle
  • Cacher la misère de ma face
  • Pour me maquiller de temps en temps
  • Parce que ça me plait
  • Pour me plaire
  • Comme pour les bijoux : pour changer de temps en temps
  • Prendre soin de moi
  • Pour prendre soins de moi
Est-ce un plaisir ?
  • Oui : 21
  • Non : 1
  • Je n’utilise pas de produits de beauté : 3
Utilisez-vous des produits de beauté régulièrement?
  • Oui : 19
  • Non : 3
  • Je n’utilise pas de produits de beauté : 3
A quelle fréquence ? :
  • Tous les jours : 10
  • Plusieurs fois par semaine : 8
  • Plusieurs fois par mois : 3
  • Occasionnellement :1
  • Je ne me maquille pas : 3
Si vous vous maquillez, quel style de maquillage pratiquez-vous ? (Choix multiples)
  • Naturel : 16
  • Peu original : 3
  • Original ; 7
  • Complètement décalé : 5
    Artistique :
  • Je ne me maquille pas : 5
Quelle est votre dépense moyenne en produit de beauté ?
  • 15€
  • en moyenne 5€ par mois pas plus
  • 50/100€
  • le maquillage n’est pas quelque chose que j’achète régulièrement, c’est selon ce que je trouve et qui me plait quand je le voit. pour les soin c’est un peu pareil hormis l’huile de coco que je rachète quand j’en ai plus (3-4€ de demi litre)
  • 50
  • Par mois, 60e à peu près
  • 50€
  • 100€ par mois
  • 100€
  • 20
  • 0, je les ai en cadeau
  • 20/30 // par mois
  • 20€
  • Une 40ene d’euros pour le tout je dirais.. et je les renouvelles car vide tout les 6 mois je dirai
  • Très peu, je récupère souvent ! entre 25 et 50€ par an peut être
  • 10 euros
  • 15€/mois
  • 10 euros en moyenne par mois
  • Environ 15e par mois
  • Surtout le fond de teint et crayon on part sur du 30€ par an
  • Tout dépend des produits mais je dirai 1 fois par mois pour les produits que j’utilise le plus, sinon ça doit tourner autour des 300 eur par an
Où achetez-vous vos produits de beauté ?
  • SEPHORA , Mac , kryolan, nyx et autre
  • Nyx, sephora, yves rocher
  • Supermarché
  • Sephoraaa, kiko, nyx cosmetics, grandes surfaces
  • Yves rocher (crèmes) et supermarché (Mascara)
  • Sephora, Kryolan
  • Pharmacie, magasin bio
  • Sephora, Nyx, Kryolan, Revolution
  • Sephora pour le maquillage, action pour les soins
  • Nyx, sephora
  • Sephora / internet
  • SEPHORA, Nuxe
  • Sephora « au coeur de la beauté » x)
  • parapharmacie lafayette ou magasin bio
  • dans des boutique de sous marque
  • Pharmacie, produit bio, internet ou supermarché.
  • Épiceries en vrac, bio et éthique.
  • Site internet, Sephora occasionnellement
  • Magasin spécialisé
  • Internet
  • Internet
  • Grande surface, parfumerie
Avez-vous peur de sortir maquillé/e dans la rue ?
  • Non : 21
  • Oui : 1
  • Je ne me maquille pas : 3
Vous êtes-vous déjà privé de maquillage ou de sortie par peur d'être agressé/ée ? (Physiquement ou moralement) :
  • Non : 16
  • Oui : 5
  • Je ne souhaite pas statuer : 1
  • Je ne me maquille pas 3
Vous pouvez développer ici si vous le souhaitez, que votre réponse soit oui ou non :
  • C’est compliqué, c’est pas une question d’être agressé mais souvent je me maquille pas quand je n’ai pas envie d’être social, dans un mauvais mood
  • J’évite le maquillage trop visible par peur des remarques
  • Pas trop envie de me faire casser la gueule parce que j’ai 3 couleurs sur le visage
  • Me maquiller ou non n’a jamais été le soucis, c’est plus une question vestimentaire qui entraîne les remarques dans la rue pour mon cas
  • Je suis fier et heureux (et rarement seul haha)
  • Si quelqu’un nous agresse ça ne sera jamais la faute d’une jupe trop courte ou d’un maquillage appuyé mais celle de son pervertisme
Que pensez-vous des femmes qui utilisent des produits de beauté ?
  • Elles font ce qu’elles veulent
  • Je ne juge pas elles font ce qu’elles veulent
  • Elle font ce qui leur plaît tant qu’elle se sente bien
  • Rien de particulier
  • C’est jolie de voir autant de femme qui se maquille pour se mettre en valeur,
  • Réussir à s’accepter, plaire au autre…
  • Elles font leurs choix elles ont leurs raison tout le monde doit respecter
  • Je m’en fiche, font ce qu’elles veulent
  • Pas grand chose, elles font ce qu’elles veulent
  • Cela dépend de la démarche qui est pensé derrière. Si c’est a but artistique ou de manière discrète pour se sentir mieux, c’est bien. Se maquiller pour se cacher et cacher aux autres notre vrai visage, j’ai un peu de mal.
  • Si elles y prennent plaisir c’est cool pour elles
  • Elles font ce qu’elles veulent !
  • Yaaas
  • C’est bien tant qu’elles sont à l’aise avec ça
    Liberté pour tous
  • Elles se mettent en valeur aucun jugement dessus
    elles prennent soin d’elles
  • Chacun fais ce qu’il veut
  • Il faut que cela reste un plaisir pour soi avant tout, et non une obligation sociale, une convention.
  • Elles font ce qu’elles veulent, elles sont superbes qu’elles utilisent des produits de beauté ou non
  • Ça arrange bien celles qui pense en avoir besoin, après ya pas plus con que de masquer sa vraie tête, faut apprendre a vivre avec
  • Tant qu’elles le font pour se faire plaisir, ça me plait
  • C’est normal
  • Pourquoi pas ?
  • C’est bien
Que pensez-vous des hommes qui utilisent ces produits ?
  • Je ne juge pas ils sont ce qu’ils veulent
  • La même chose
  • Ils font ce qu’ils veulent
  • Ces encourageant de voir le genre masculin s’immiscer dans le maquillage, pour mieux ce mettre en valeur, voir autre…
  • La même chose que pour les femmes je vois pas en quoi il doit y avoir une différence
  • Pareil que pour les femmes
  • Pas grand chose, ils font ce qu’ils veulent, par contre ils ont pas peur de se faire taper, bravo
  • C’est dommage que si peu d’hommes s’occupe d’eux-même à ce niveau là
  • Sickening
  • Ils font ce qu’ils veulent !
  • YAAAAS
  • C’est très bien aussi
  • Liberté pour tous
  • Pareillement
  • Il font ce qu’ils veulent
  • Ils prennent soin d’eux
  • Pareil, homme ou femme peu importe
  • Même réponse, il faut que ce soit un plaisir pour soi ! Et j’aimerais que les hommes osent plus en mettre s’ils le veulent.
  • De même pour les hommes, ils sont superbes qu’ils utilisent des produits de beauté ou non
  • Je suis plus traditionnelle, alors j’avoue que ça me deplait de façon générale mais chacun fait comme il lui plaît.
  • Tout pareil
  • Même réponse
  • C’est bien de prendre soin de sois
  • Grand bien leur fassent
  • Il faut un juste milieu. Un homme qui prend soins de lui je trouve ça très bien mais il ne faut pas que ça soit dans l’extrême au niveau maquillage et tout. Étant une femme j’essaye de prendre soins de moi mais c’est déjà compliqué alors bon.
Que pensez-vous du maquillage aujourd'hui ? Est-ce positif, négatif ou les deux selon vous ?
  • Plutôt les deux. Il faut faire attention à ce qu’il y a dedans (graisse de baleine par exemple)
  • Un peu des deux il y a une sur consommation à cause des marque qui afflux mais aussi c’est bien car on a des produit pour tout les style
  • Je n’en pense rien de particulier
  • Dans une optique ou la pratique n’es pas exagérer ou contient des produit nocif et ou elle continue à être utilisé dans de bonne intentions moral, le maquillage reste positif.
  • Oui, les gens s’éclatent à se maquiller et ça fait du bien de prendre soin de soi, le maquillage peut permettre de sublimer des endroits où juste d’en cacher, ca aide à la confiance aussi, bcp de personne se sente plus badass quand elles ont juste du mascara, c’est pas grand chose mais elle elle le voit
  • (Elle ou il)
  • C’est un moyen d’affirmer son style, de montrer qui on est vraiment, donc c’est positif d’après moi
  • Ça dépend du cadre je pense, pour les gens basiques on va dire c’est mal vu genre ils pensent que forcément tu te maquille parce que tu te trouves moche et ils veulent des meufs naturels alors qu’ils savent pas à quoi ça ressemble un vrai naturel…
  • Pour les mecs clairement les gens pensent que t’es gay (sûrement parce que c’est ceux qui assumes) juste parce que t’aime bien te maquiller et qu’ils associent ça à une activité féminine alors qu’une activité ça a pas de genre ???
  • ça peut aider à se sentir plus en confiance, notamment pendant des rdv professionnels, mais en aucun cas cela devrait cacher qui on est au quotidien
  • Positif, le monde s’ouvre de plus en plus
  • Ça peut être un bon outil pour entretenir sa confiance en soit, camoufler un complexe ou au contraire aider à l’accepter. Tout comme son absence peut être bénéfique dans cette acceptation de soi. Ce doit être un outils et un plaisir et non une contrainte.
  • Attention à l’excès, ce n’est pas bon pour la peau
  • J’adore le maquillage , ça ouvre la créativité même si aujourd’hui le prix des produits sont un peu cher
  • Positivement car elle permet de prendre conscience en soi
  • Ça dépends du dosage je dirais c’est bien mais à utiliser à bon escient 🙂
  • Oui c’est positif ! le maquillage n’est pas une injonction mais un plaisir que l’on choisit de faire. Il n’est pas l’apanage d’un sexe et je trouve cela est très positive de le queeriser. Le maquillage est souvent perçu comme une pratique superficielle, sans intérêt, avec le logotype que les femmes qui se maquillent beaucoup sont forcément « idiotes », « prétentieuse » et « immatures », il est dévalorisé par rapport au sexe féminin. Une raison de plus pour prouver que cette pratique est aussi intéressante que faire des plats gastronomiques !
  • Trop utilisé, et trop jeune
  • Oui mais il ne faut pas en abuser selon le produit et la provenance (expérience animale ou non…)
  • Négatif d’un point de vue environnemental. Ca commence à se libérer d’un point de vue social. (Moins d’obligation pour les femmes, plus de libération pour les hommes)
  • Pour moi c’est positif, une façon de s’exprimer au même titre que les vêtements que l’on choisit par exemple, cependant les hommes/personnes non perçues comme femmes qui se maquillent sont souvent encore mal perçus…
  • Cela dépend de son utilisation
  • Ben les deux, d’un côté ça aide plein de gens à sortir à la lumière du jour, de l’autre je pense pas que qui que ce soit en aient vraiment besoin, c’est triste qu’on doivent buter des animaux et utiliser des chimiques toxique pour en fabriquer
  • Les deux selon les cas
  • Il ne faut pas en abuser mais je trouve ça positif
  • Négatif si abusif, pas obligatoire sinon, le naturel c’est bien aussi
  • Tout dépend de la dose et la maquillage qui est fait, encore une fois il faut un juste milieu. Il peut-être positif mais aussi très négatif si la personne se maquillant trop en fait trop elle-même.
Avez-vous déjà critiqué quelqu'un (dans la rue ou ailleurs) parce qu'il utilise des produits de beauté ?
  • Non : 18
  • Oui : 7
Pensez-vous que le monde de la beauté est un monde féminin ?
  • Non
  • Oui
  • Non c’est pour tout le monde
  • Non, il est mixte
  • Nope la beauté vient de l’intérieur de chaque personne
  • Il est connoté féminin et les hommes sont montrés plus comme des artistes
  • Non, pas forcément, il y a plein de mecs maintenant qui font parti de ce monde mais vu qu’ils sont souvent gays les gens se disent que c’est féminin (ou alors ils sont dans le déni qu’un homme puisse utiliser des produits cosmétiques)
  • Un monde malheureusement très sexualisé du côté féminin
  • non. et heureusement de plus en plus d’hommes prennent la parole à ce sujet et s’empare de ce domaine et ses pratiques.
  • Plus maintenant
  • Non , de plus en plus les esprits s’ouvre pour moi le monde de la beauté n’a pas de genre ni de sexe
  • Oui, mais de plus en plus ouvert
  • Non je pense que les hommes ont autant a y gagner il ne faut spécifier le genre d’une beauté
  • Il est dans l’état actuel même si bon nombre de créateur de marque de maquillage sont des hommes.
  • trop de maquillage impliqué/trop cher
  • Non les hommes en font partie
  • Non il est pour tout le monde
  • Plutôt oui
  • Non, faut du « hot stuff » pour tous les goûts
  • Oui, mais ça ne devrait pas l’être
  • Plutôt oui
  • Non juste un monde pas accessible aux hommes
  • Non pas forcément
Pensez-vous que le maquillage joue un rôle dans l'orientation sexuelle et l'appartenance aux genres ?
  • Non
  • Pas totalement mais je pense que ça a une influence
  • Nn plus
  • Oui mais ca ne devrait pas
  • Oups, une colle… La réponse est: non
  • Je pense que les hommes hetero ont plus de mal à se maquiller pour ne pas prêtre efféminés. Le maquillage sur un homme peut facilement l’associer à la communauté gay je trouve.
  • Pour les femmes, c’est plus l’expression d’un style (gothique etc) plutôt que d’une orientation sexuelle
  • Je sais pas si ça joue un rôle, je pense que juste les gens hétéro se privent de plein de trucs parce qu’ils ont peur d’être remis en cause sur leur orientation sexuel (alors que au pire balec)
  • Pas du tout
  • Aucunement.
  • En réflexion (même pour moi même) mais je souhaite dire que non
  • Non
  • Sans doute, ça permet de les affirmer et c’est tout aussi bien
  • Oui complètement. Des Fois il peut être perçu comme une obligation lié à son genre, ce qui est très désagréable et rebutant. Si un homme se maquille, on va croire qu’il est homosexuel ou transgenre.
  • Pas du tout, c’est un choix, un goût
  • Non il est agenre
  • Oui
  • Je pense que ça doit en aider certains pour sûr, après ayant une horreur personnelle du maquillage beauté, j’ai pas trop d’avis, je connais pas non plus des masses de drag queen
  • Oui, mais ça ne devrait pas
  • Oui et non..
  • Non même si l’abus de l’image de la femme peut probablement orienter les masses
Voulez-vous ajouter un commentaire ?
  • Bachelard philosophe qui a écrit sur l’humain en tant qu’humaniste. Je m’explique, Bachelard distingue les humains des autres espèces par leur sensibilité accru et développé. Ce qui permet aux humains d’être créatifs, de trouver des solutions et d’améliorer leur condition de vie ou simplement pour créer du « beau ». Il prend l’exemple de la gastronomie, si les animaux mangent pour survivre, les humains ont dépassé ce stade et cherchent à bien manger (gastronomie). Je vois le soin et le maquillage comme ça. Cela n’est pas une activité superficiel mais bien un art de l’apparence. Si les hippopotames prennent des bains de boue pour s’hydrater et prendre du plaisir, l’humain fait de même mais avec aussi une conception du « beau ». Cette sensibilité lui confère son humanité.
  • La notion produit de beauté est trop large. Un déodorant une crème hydratante en fait partie. Mais j’ai répondu en imaginant que le questionnaire était plutôt axé maquillage.

Vidéos

BETTINA MARIE Maud et TRESANINI Juliette avec LIOT Raphaël, La virilité, Parlons peu mais parlons !, 2018
BETTINA MARIE Maud et TRESANINI Juliette, Les mecs couchent plus que les filles ?, Parlons peu mais parlons !, 2019
WATSON Emma, Discours pour He fo She, ONU, 2014
Rémi (Jojo), Défenseur du body positive au masculin, The Boys Club, Youtube, 2019
Rory, Jeune homme androgyne et fier dans The Boys Club, The Boys Club, Youtube, 2019

Pour aller plus loin

  • Collectif, “Sex Stereotypes Influence Adults Perception of Babies’ Cries”, BMC Psychology, 2016
  • Collectif, Gender Stereotypes About Intellectual Ability Emerge Early and Influence Children’s Interests”, Science, 2017
  • Brigitte Grésy et Philippe Georges “Rapport sur l’égalité entre les filles et les garçons dans les modes d’accueil de la petite enfance”, IGAS, 2012
  • Observatoire LGBT+, 26 juin 2018. Enquête pour la Fondation Jean-Jaurès et la DILCRAH
  • SAVOYE Jean-Marc, Plus de Mâles que de bien, Libération, 2018